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Les avocats, trop gourmands ?

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Marie-Ève Buisson

2022-08-17 15:00:00

Un avocat critiqué par un juge pour ses honoraires « excessifs » livre à Droit-Inc sa version des faits...
L'avocat Alain Arsenault. Source: Site web d’Arsenault Wee Dufresne
L'avocat Alain Arsenault. Source: Site web d’Arsenault Wee Dufresne
Après une carrière consacrée à la défense des victimes, l'avocat Alain Arsenault s'est récemment fait reprocher par le juge Thomas M. David des honoraires « excessifs » dans le règlement d'une action collective contre les Clercs de Saint-Viateur.

L'entente aurait accordé au cabinet d'avocats montréalais Arsenault, Dufresne et Wee, qui représentait les plaignants, plus de 8 millions de dollars en honoraires, sur un règlement de 28 millions.

L'abbé René Tessier a d'ailleurs profité de cette situation pour dénoncer les attentes irréalistes de juristes envers l'institution qu'est L'Église catholique.

« Il faut arrêter de penser que l’Église est riche à craquer parce que c’est complètement faux et il faut arrêter de penser à des montants astronomiques », a déclaré au Journal de Québec l'agent de communication du diocèse de Québec.

Des propos qui ont contribué à faire réagir Me Arsenault, qui a livré ses pensées dans un entretien à Droit-Inc.

Trop gourmand ? Pas vraiment

Me Alain Arsenault, qui représente les demandeurs dans plusieurs actions collectives contre le Clergé, croit que les avocats ne sont pas trop gourmands.

« Nous sommes en effet très gourmands pour les personnes ayant vécu des agressions sexuelles par des prêtres. Nous voulons aller chercher le maximum d’argent possible pour les victimes », indique-t-il.

Selon l’avocat, le montant réclamé à l’Église n’est pas exagéré.

« J’ai déjà vu dans des recours collectifs semblables, des indemnisations allant jusqu’à 250 000 dollars. Pourquoi est-ce que le diocèse de Québec ou de Montréal aurait un passe-droit là-dessus? Arrêtons de penser qu’ils ont une position privilégiée et qu’ils devraient moins payer que les autres. »

L’abbé René Tessier a décliné notre demande d’entrevue. Il a toutefois indiqué par courriel que « les plaignants ont beau obtenir plusieurs millions, il ne leur reste presque rien pour eux une fois que les avocats se sont servis très plantureusement ».

Un commentaire qui n’a pas plu à Me Arsenault. « Je suis particulièrement fâché de cette réponse, car c’est une insulte à l’ensemble des avocats et à nous particulièrement. J’ai consacré ma vie à représenter les victimes d’abus d’autorité et je n’ai pas fait d’argent avec ça ».

L’abbé Tessier faisait ici référence à la décision évoquée ci-haut dans le recours contre Les Clercs de Saint-Viateur et qui a depuis été porté en appel.

« Tout d’abord, il faut rappeler que le jugement a été porté en appel. Ensuite, lorsqu’on compare avec d’autres congrégations religieuses, le tribunal a déjà accordé 30 % et nous on réclamait 25 % pour à peu près le même nombre d’heures de travail. Si ce que fait l’abbé est de la tactique de négociation, moi je peux vous dire que ça ne m’impressionne pas », ajoute Me Arsenault.

Les avocats Justin Wee et Virginie Dufresne-Lemire. Source: Site web d’Arsenault Wee Dufresne
Les avocats Justin Wee et Virginie Dufresne-Lemire. Source: Site web d’Arsenault Wee Dufresne
Me Arsenault conclut en disant: « Entendre ce genre de personnage, du haut de sa sagesse, dire des imbécilités et des insultes, je ne suis pas sûr qu’on va en rester là ».

Rappelons que la Cour supérieure a autorisé en mai dernier une demande d’action collective contre le diocèse de Québec. Celle-ci vise l’ensemble des personnes ayant été agressées sexuellement par un membre du clergé diocésain depuis 1940.

Les demandeurs réclament environ 600 000 dollars par victime. Jusqu’à maintenant, 110 plaignants se sont manifestés. L'équipe d'Alain Arsenault, composée de Justin Wee et de Virginie Dufresne-Lemire, est derrière ce dossier avec celle de Bellemare Avocats.

Arsenault Wee Dufresne est impliqué dans 18 actions collectives contre des congrégations religieuses ou des diocèses.
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16 commentaires
  1. Observateur anonyme
    Observateur anonyme
    il y a 3 ans
    Franchement!
    Le Syndic du Barreau devrait faire une lecture attentive des propos de Me Arsenault. Il me semble que cela déconsidère la profession d'avocat...

    • Pigeon dissident
      Pigeon dissident
      il y a 3 ans
      Mon grain de sel
      Il me semble que vous y aller un peu fort en réclamant l'intervention du syndic.

      Mais , évidemment il aurait été préférable pour Me.Arseneault de garder ses commentaires pour lui-même et ses collègues de bureau.

  2. Aanonyme
    Aanonyme
    il y a 3 ans
    Inexactitudes
    Il y a matière à débat dans le jugement sur les honoraires, mais les commentateurs sur cette page ne savent pas de quoi ils parlent.
    1. Paul serait "curieux de voir ce qu’il reste aux victimes". Ben lisez donc le jugement : il leur restera 75% des 28 millions $.
    2. Selon DSG : "People who enrich themselves from other peoples' misery and suffering are leeches." That would include most of the criminal law and family law bar but more fundamentally, should people who represent victims of abuse work for free because of the nature of the injury?
    3. Jean-Sylvio Ouimet écrit : " il s'est fait un devoir d'agresser l'agresseur pour lui soutirer le maximum d'argent possible. La principale vertu des poursuivants semble l'argent comme moyen de règlement". À ce que je sache, c'est toujours l'obligation de l'avocat de la demande de soutirer le maximum d'argent possible et de règler s'il peut.
    4. Jean prétend que "leur recette est de prendre des religieux décédés, d’alléguer des abus sexuels et de faire autoriser des demandes en autorisation plutôt faciles à obtenir. Puis de régler les dossiers pour des millions. Ils prennent alors 25%. Ils n’ont plaidé aucune cause au fonds". Parfois les abuseurs sont décédés, parfois ils sont vivants, car les abus sexuels ne se prescrivent plus. Les autorisations sont relativement faciles à obtenir, les règlements beaucoup moins puisque les corporations réligieuses peuvent faire faillite. Un taux de 25% est tout à fait normal en responsabilité personnelle où l'avocat attend des années avant d'être payé. Et en matière d'abus, éviter les procès est une qualité plutôt qu'un défaut.
    5. Selon Anonyme, "Me Arsenault savoure maintenant une vengeance professionnelle, après avoir passé pour un plouc pendant longtemps, aux yeux de bien des gens". Me Arsenault n'a jamais manqué d'agressivité professionnelle ce qui lui a permis de poursuivre des autorités publiques et réligieuses alors que d'autres avocats ne l'osaient pas (les règles sur la prescription étant différentes à l'époque).

  3. HONTEUX
    HONTEUX
    il y a 3 ans
    C. L.
    Franchement Me Arseneault, ce n’est pas les indemnités versées aux victimes qui ont fait sourciller le juge Davis, mais uniquement les honoraires de votre cabinet pour un dossier où vous avez fourni une preuve non crédible du taux horaire de l’avocate Dufresne et des heures investies par votre cabinet dans ce dossier.
    De plus, si vous avez tant à cœur l’intérêt de victimes que vous représentez, pourquoi avoir fait appel du jugement du juge Davis, avec cette fois l’aide du cabinet Kugler, plutôt que de diminuer vos honoraires tel que vous l’aviez initialement mentionné? Votre sortie est pathétique dans les circonstances.
    J’imagine que Kugler finance cet appel pour ne pas se voir mettre des bâtons dans les roues dans leurs propres dossiers d’actions collectives…

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