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L’implication de l’avocat dans l’univers médiatique

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Mélanie Joly

2010-06-15 14:00:00

Les avocats sont-ils de bons communicateurs ? Mélanie Joly analyse la question.
J’ai eu la chance récemment d’animer, en collaboration avec mon collègue André Ryan, associé de BCF, l’atelier propre à la gestion de crise lors du Congrès du Barreau du Québec.

Le défi était de taille : présenter (durant 3 heures) la relation entre l’univers médiatique d’aujourd’hui et le rôle de l’avocat alors que la température était extraordinaire et que les baleines, telles des sirènes, nous attiraient vers le fleuve…

En quelques heures, nous avons dressé le portrait de la gestion de crise, l’importance de la réputation, les responsabilités de l’avocat, un peu de jurisprudence (par André, bien entendu) et quelques exemples.

Au delà de ces considérations, j’ai cru bon vous faire part du débat qui se discute dans les coulisses du monde des relations publiques : à savoir, l’implication de l’avocat au sein de l’univers médiatique.

D’ailleurs, en mars dernier, Matthieu Sauvé, ARP, FSCRP et Guy Versailles, ARP, relationnistes de renom interpellaient leurs collègues à cesser de se définir en se comparant aux avocats:

« La comparaison avec l’avocat est donc non seulement trompeuse, elle est carrément nuisible à la cause des relations publiques. Nous avons tout à perdre et rien à gagner en comparant notre profession à une autre. Nous remplissons une mission sociale qui nous est propre. Cessons de nous comparer et attachons-nous plutôt à mieux décrire qui nous sommes et comment nous devons travailler en complémentarité avec les autres professionnels, au bénéfice de nos clients. »

Or, au même moment, plusieurs intervenants sociaux dénoncent l’importance de légalisation de notre société, notamment la trop grande utilisation de termes légaux difficiles à saisir pour les non-initiés.

À titre d’exemple, une des récentes démarches entreprises du ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, soit le Groupe sur la littérature financière, consiste à se pencher sur les mesures nécessaires à adopter afin de permettre aux Canadiens une meilleure compréhension des marchés financiers et des questions économiques liées. Lors de ces audiences, plusieurs intervenants ont alors dénoncé le recours systématique des grandes institutions au jargon légal et ce, au détriment des consommateurs.

On le sait, le monde juridique possède son vocabulaire qui lui est propre. C’est le cas d’autres domaines professionnels également.

Or, les médias sont ultimement les courroies de transmission entre le monde des initiés et le grand public. Le rôle du journaliste, dans son essence, est celui de vulgarisateur.

Voilà pourquoi plusieurs relationnistes sont d’avis que l’approche légale utilisée par les avocats n’est pas des plus efficaces au moment de gérer une crise médiatisée puisque les termes utilisés et la précision trop pointue des informations sont contraires à la bonne compréhension du public.

L’aversion des avocats à permettre à leur client de communiquer en temps de crise afin d’éviter quelconque aveu de responsabilité irrite certains communicateurs puisque cette retenue peut parfois être néfaste à la gestion d’une réputation. Qui dit crise dit instabilité, il importe donc que le client puisse être bien conseillé afin de mesurer les risques auxquels s’expose son organisation.

Une chose est certaine, les situations dites de crise où les avocats seront consultés, qu’ils agissent en entreprise ou en cabinet privé, sont appelées à se présenter.

Et vous, qu’en pensez-vous : en temps de crise, on rend ça simple ou compliqué?

imge #4057


Mélanie Joly est avocate et associée directrice du bureau montréalais de l'agence de communication internationale Cohn&Wolfe.
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