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Microsoft flush un cabinet ayant pactisé avec Trump

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Thomas Vernier

2025-05-05 14:15:55

Le géant technologique remplace Simpson Thacher par Jenner & Block, un cabinet qui combat activement les décrets présidentiels…


Source : Droit-inc


Lorsque de grands cabinets d'avocats ciblés par Donald Trump ont décidé de conclure des accords avec lui plutôt que de résister, beaucoup l'ont fait parce que leurs dirigeants craignaient de perdre des clients en se retrouvant dans le collimateur de l'administration.

Mais cette logique perd désormais de sa pertinence.

Un revirement significatif

Microsoft, l'une des plus grandes entreprises mondiales, vient d'abandonner un cabinet d'avocats ayant capitulé face à l'administration au profit d'une firme qui la combat frontalement, rapporte le New York Times.

Ce choix pourrait marquer un tournant dans le rapport de force entre la Maison Blanche et l'industrie juridique.

Le 22 avril, plusieurs avocats du cabinet Simpson Thacher & Bartlett ont informé la Cour de chancellerie du Delaware qu'ils ne représenteraient plus Microsoft dans une affaire liée à l'acquisition du géant du jeu vidéo Activision Blizzard en 2023, selon des documents judiciaires.

Simpson Thacher avait conclu le mois dernier un accord avec la Maison Blanche, s'engageant à effectuer 125 millions de dollars de travail juridique gratuit pour des causes approuvées par l'administration Trump. Dans une déclaration commune avec d'autres cabinets ayant conclu des accords similaires, Simpson Thacher avait indiqué que ce travail pro bono serait réalisé au profit « d'un large éventail de populations mal desservies ».

Le jour même où les avocats de Simpson Thacher déposaient leur retrait de l'affaire Microsoft, au moins trois associés du cabinet Jenner & Block informaient le tribunal qu'ils représenteraient désormais l'entreprise technologique. Jenner combat actuellement en justice pour bloquer définitivement un décret exécutif de l'administration Trump visant ses activités.

Un calcul de risque inversé

Depuis que l'administration Trump a commencé à faire pression sur les grands cabinets d'avocats avec des décrets exécutifs et des enquêtes sur leurs pratiques d'embauche et de diversité, les dirigeants de ces cabinets ont souvent cité le risque de perdre des clients dans leur décision de rechercher des accords. Ils craignaient qu'affronter la Maison Blanche n'effraie la clientèle, même si ces combats finissaient par être couronnés de succès.

Nombreux sont les juristes qui ont soutenu que les décrets exécutifs de Trump, qui ont restreint les contacts des cabinets d'avocats avec les agences et les responsables fédéraux, sont inconstitutionnels, et les tribunaux semblent jusqu'à présent réceptifs à cet argument.

L'affaire Microsoft au Delaware constitue un premier signe qu'il pourrait exister un risque dans la direction opposée. Dans certains cas, un client peut craindre qu'un cabinet ayant conclu un accord avec la Maison Blanche n'ait un conflit d'intérêts l'empêchant de représenter agressivement ses intérêts. Par exemple, si le client est défendeur dans un procès intenté par le gouvernement fédéral, il pourrait s'inquiéter qu'un cabinet ayant capitulé soit réticent à tenir tête à l'administration.

Un associé principal d'un autre cabinet n'ayant pas d'accord avec la Maison Blanche a confié que sa firme commençait à attirer des clients provenant de cabinets ayant cédé à l'administration. Selon lui, ces clients potentiels ont indiqué avoir perdu confiance dans les cabinets qui ont capitulé, leur reprochant de ne pas s'être opposés à une attaque contre l'État de droit.

Certains cabinets défiant l'administration ont cherché à capitaliser sur cette frustration, suggérant que leur résistance reflète un engagement à se battre pour leurs clients. Sur un site web créé pour médiatiser son action contre le décret présidentiel, Jenner a écrit qu'un accord avec l'administration « signifierait compromettre notre capacité à défendre avec zèle tous nos clients ».

L'affaire Microsoft, qui n'implique pas directement le gouvernement fédéral, découle d'une poursuite intentée par un actionnaire institutionnel d'Activision qui contestait la manière dont le conseil d'administration de l'entreprise avait approuvé la fusion. L'actionnaire soutenait que le processus d'approbation de la fusion avait enfreint la loi, et un tribunal du Delaware a largement rejeté les efforts de l'entreprise pour faire rejeter la poursuite dans une décision rendue l'année dernière.

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