Une ex-juge au banc des accusés: le jugement rendu jeudi

Agence Qmi
2015-06-10 09:00:00

En janvier 2012, un couple qui disait venir de Québec s'est pointé à sa résidence. Elle a dit croire qu’ils étaient des connaissances de son conjoint et qu’il les avait rencontrées sur internet. Le couple était en réalité des agents doubles de la police.
Peu de temps après, les deux couples se seraient rendus dans un restaurant de Victoriaville et, sur place, elle aurait alors appris que son conjoint était retombé dans le domaine de la marijuana. Avec les agents doubles, il a été question de louer un entrepôt pour une culture et des achats de cannabis.
Ce soir-là, le couple a donné 2000 dollars à Carl Verville pour une transaction, et ce, devant l’accusée. « Je n’ai pas voulu faire une crise en plein restaurant », a-t-elle expliqué à la cour. Par contre, arrivée à la maison, seule avec son conjoint, elle dit avoir « pété une coche pour qu'il arrête ça tout de suite ».
Une semaine plus tard, la dame du couple rencontré au restaurant a invité l’ex-shérif à dîner près du palais de justice. Elle lui a demandé un service, soit de l'informer s’ils étaient visés par un mandat de perquisition.
Les enquêteurs ont pris la peine d'obtenir un mandat général pour pouvoir faire des vérifications sur la consommation d'électricité d'une résidence de Maddington Falls. Une fois le mandat obtenu, un enquêteur s'est rendu au palais de justice pour le déposer en main propre à Karine Prince pour les procédures administratives.
L'agent double a téléphoné au palais de justice pour lui demander si elle avait vu un mandat. Elle aurait répondu : « pas aujourd'hui ».
Le même agent double a téléphoné au conjoint de Karine Prince pour obtenir de l'information concernant une maison de Maddington Falls. Le conjoint l’a demandé à Mme Prince par téléphone et elle a dit : « Je lui ai répondu que je ne voulais rien savoir. Je me suis dit, c'est Carl qui m'a embarquée là-dedans, c'est lui qui va m'en sortir ».
Son avocat, Michel Dussault, a soulevé qu’elle a accepté de fournir des informations, mais elle n'a jamais rien dit au supposé groupe criminel. « Elle protégeait le mandat qu’elle avait entre les mains », a-t-il déclaré.
De son côté, Me Louis-Charles Bal de la poursuite a fait valoir qu’elle a fait une entrave en répondant au téléphone et en notant une adresse.
Depuis son arrestation en décembre 2012, Karine Prince a d’abord été suspendue avec solde, puis sans solde pour être finalement congédiée du ministère de la Justice. Son conjoint et un complice, qui avaient vendu de la marijuana à des agents doubles, ont été condamnés à la prison dans la collectivité l'année dernière.