Vos compétiteurs, ils sont en région!

Daphnée Hacker-B.
2015-02-26 15:00:00

Selon le juriste, les raisons qui expliquent cette situation sont assez simples : un taux horaire hautement compétitif et la possibilité de tout faire - ou presque - à distance. Dans la grande région de Trois-Rivières, un avocat détenant entre 15 et 20 ans d’expérience ne chargera pas plus de 200-250 dollars l’heure, avance-t-il. « Évidemment, si j’étais à Montréal, j’augmenterais mon taux horaire, mais ici je n’en ai pas besoin. Ça rend mes services très attirants pour les clients localisés dans les marchés juridiques plus onéreux », dit Me Daigle.
Et pas question de se limiter à l’examen de documents : l’avocat affirme gérer les dossiers de litige de A à Z, se déplaçant régulièrement à Québec ou à Montréal pour plaider en cour. « Encore une fois, c’est beaucoup moins coûteux pour le client de me faire déplacer que de faire appel à un avocat de mon expérience au taux horaire moyen des associés montréalais », dit celui qui a travaillé dans le passé pour la firme Heenan Blaikie et avant cela chez Bélanger Sauvé.
Des frais d’opération minimes

La recruteuse juridique Me Caroline Haney se dit surprise d’apprendre qu’un « bureau-niche » en région, comme celui de Me Daigle, connaisse un si grand succès. « Je sais bien que les grands bureaux, par exemple à Toronto, délèguent parfois à Montréal ou à Québec, pour avoir un taux horaire peu élevé… Mais là, de voir ce cabinet spécialisé en région attirer autant de grands clients, je suis vraiment impressionnée », lance-t-elle.

D’autres avocats témoignent
Me Marc-Antoine Cloutier, qui vient d’être nommé associé du cabinet Deveau à Brossard, affirme que les avocats en dehors de Montréal jouissent d’un pouvoir attractif grâce à un taux horaire « plus accessible et flexible ». Sa firme a des antennes dans plusieurs municipalités du Québec, notamment à Laval, Rosemère, Saint-Jérôme, ainsi que dans la région de l’Outaouais et des Îles-de-la-Madeleine.

Un très grand accès à l’information juridique grâce à des sites comme SOQUIJ, l’émergence des technologies du fax, du scanneur, les appels interurbains à faibles coûts, autant d’outils qui ont rendu le travail à distance très facile. « À l’époque, quand on cherchait un avocat, on regardait dans les pages jaunes de notre ville. Aujourd’hui, on ‘‘google’’… il n’y a plus de frontière ! », lance Me Bernier. « Les petits cabinets peuvent offrir un éventail de services plus diversifiés qu’auparavant, c’est certain. Et en ce sens, nous sommes devenus très compétitifs », observe-t-il.
Themis Roussos
il y a 10 ansIl faut dire concurrent, pas compétiteur, car ce n'est pas une épreuve sportive
Anonyme
il y a 10 ansUn avocat de Montréal fait face à une concurrence beaucoup plus féroce. Il y en à bien qui se la coulent douce mais d'après ma pratique, un nombre minime d'avocats de région auront les compétences et le talent de l'avocat de Montréal.
Par exemple, comptez le nombre d'avocats reconnus dans un domaine spécialisé hors de Québec ou de Montréal. Ils sont très peu!
La raison? J'en identifie déjà 2. (1) Le nombre d'heures de travail. Ce n'est pas vrai qu'en région vous travaillez les mêmes heures qu'à Montréal. Vous avez beau compter le nombre d'années d'expérience, mais cela ne veut en fait strictement rien dire. Avec 3 ans d'expérience je connais mieux ma procédure et mon droit substantif que des avocats qui en ont 10 et je le dois à ma pratique en ville qui me permet de traiter des dossiers dans un domaine beaucoup plus spécialisé que si j'étais en région. (2) It's the economy stupid! Ou plus spécifiquement la loi de l'offre et de la demande. Hormis quelques exceptions, et désolé de le dire ainsi, mais un professionnel qui est hors centre urbain l'est par défaut et non pas par choix. Il n'était simplement pas capable d'être compétitif, n'a pas trouvé une clientèle suffisante pour faire face aux coûts du loyer. et se trouve alors à devoir aller pratiquer selon ses "moyens".
Isabelle
il y a 10 ansVoyons donc... «Quelques exceptions» ? Les gens nés en région n'auraient donc jamais envie d'y demeurer ? S'ils y restent, c'est par dépit?
Et des la ville qui ont simplement envie de vivre ailleurs (dans la nature par exemple), ou aient besoin de suivre leur conjoint, ça n'existe pas ?
Anonyme
il y a 10 ansIci, on parle d'un bureau reconnu en droit corporatif et fiscal qui a une niche et une compétence particulière. Cett article ne fait pas de généralité entre région et ville mais entre un bureau de région qui se démarque de tous ses compétiteurs en région et en centre urbain. Dans une perspective plus générale, beaucoup trop d'avocat montrerais ont le raisonnement de notre ami plus haut et se fait taillé en pièce par des "avocats de région". Ils aiment bien se faire croire que 100% des avocats aimeraient travailler à Montréal et qu'ils font partie des élues, mais hélas, il s'agit, pour bien des raisons, d'une réalité que très peu de juristes ont le gout de vivre, et ce, pas par manque d'ambition au contraire. L'avancement professionnelle en région est nettement plus motivant et stimulant que de se voir cantonné dans un rôle de sous-fifre pendant 10 ans. Sur ce, bonne soirée!
Anonyme
il y a 10 ansJe suis à Mtl et pour le taillage en pièce par les cabinets de région vous repasserez. Chaque fois que j'ai un avocat de région en face je me frotte les mains... à raison!
Anonyme
il y a 10 ansPendant que vous vous frottez les mains, en région, en prépare bien nos dossiers et on en sort gagnant!!
Anonyme
il y a 10 ansEn économie on vous apprendra que le "compétiteur" qui se fonde sur la baisse des coûts possède l'entreprise la moins pérenne de toutes car il y aura toujours quelqu'un d'autre pour offrir moins cher.
Ah au fait, un grand nombre de clients de région viennent aussi à Montréal pour leurs services juridiques pour faire affaire avec des avocats, et pas seulement dans les plus grands cabinets. Si ce n'est pas pour nos prix, c'est pour quelle raison à votre avis?
Me(e)
il y a 10 ansJe lis vos commentaires et je trouve très ambitieux l'idée de dénigrer la pratique en région sans y avoir goûtée. Sachez que nos vis-à-vis de la ville ne sortent pas toujours gagnant lorsqu'ils plaident contre nous. Il est faux de prétendre que notre expérience n'est pas équivalente à la vôtre. En région, on doit être autonome rapidement. On développe des réflexes juridiques variés. En ville, il arrive souvent qu'on perde la vue d'ensemble d'un dossier, puisqu'on est exécutant sur un tronçon du dossier. Quoi qu'il en soit, j'ai goûté aux deux types de pratique et il me semble clair que ceux qui dénigrent les avocats en région le font par préjugés et manque flagrant de connaissance (et peut-être par égocentrisme)
Anonyme
il y a 10 ansPourtant, c'est bien connu; Montréal a le monopole de des "compétences et du talent". L'avocat de région l'aurait compris depuis longtemps s'il avait eu suffisamment de compétences pour bien analyser la question.