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ALÉNA: le Canada, grand perdant devant les tribunaux

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La Presse Canadienne

2017-06-29 10:00:00

Le Canada est la cible de la majorité des poursuites d'entreprises en vertu de l'ALÉNA, et il perd souvent...

Scott Sinclair
Scott Sinclair
Lorsqu'il est question de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), le Canada peut affirmer sans hésiter qu'il est le plus grand perdant devant les tribunaux.

Depuis l'entrée en vigueur du traité, en 1994, le Canada a fait l'objet de 39 poursuites intentées par des entreprises étrangères alléguant que leurs droits ont été violés par ses politiques.

Il s'agit de près de la moitié des 84 poursuites intentées contre les trois pays membres de l'ALÉNA en vertu de ses dispositions concernant les investisseurs.

Le Canada a perdu ou réglé huit de ces causes, déboursant plus de 215 millions $ en dédommagements. Les États-Unis, eux, n'ont pas perdu une seule cause - ni payé un seul sou.

Près de 60 pour cent des recours visant le Canada concernaient des réglementations environnementales en matière d'exploitation de gaz et de pétrole, de même que de parcs éoliens, d'eau et de forêts.

Ces dernières statistiques ont été compilées par Scott Sinclair, un chargé de recherche du Centre canadien de politiques alternatives.

Il croit que ces litiges soulevés par l'ALÉNA pourraient refroidir les législateurs canadiens, particulièrement dans les secteurs des ressources naturelles et de la réglementation environnementale.

Le fait que le Canada soit si souvent traîné devant les tribunaux devrait être à l'ordre du jour dans le cadre de la renégociation du traité, prévue à partir du mois d'août, a ajouté Scott Sinclair.

David Gantz
David Gantz
Le professeur en droit du commerce international David Gantz, de l'Université de l'Arizona, soutient qu'il n'y a aucune explication facile au fait que le Canada est si souvent pris pour cible, tandis que les États-Unis sont épargnés.

Il attribue partiellement ce phénomène à la chance - qui, selon lui, va bientôt tourner.

Il met aussi en cause la plus grande autonomie dont jouissent les provinces canadiennes par rapport aux États américains, car bon nombre des poursuites ne concernaient pas des politiques élaborées par les autorités fédérales.
Auparavant membre du tribunal qui entendait ces causes, David Gantz croit les États-Unis tout aussi désireux que le Canada et le Mexique d'améliorer les mécanismes de règlement de différends entre États et investisseurs.

À l'heure actuelle, lorsqu'une entreprise privée accuse un pays membre de l'ALÉNA d'enfreindre le traité, on forme un comité ad hoc de trois membres: l'un nommé par l'entreprise plaignante, un autre par le pays défendant, et un dernier désigné par les deux parties.

Chrystia Freeland
Chrystia Freeland
À l'approche de la nouvelle ronde de négociation, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, ne révèle pas sa stratégie à cet effet.

Par le passé, le Canada avait accepté d'améliorer les mécanismes de règlement de litiges avec des investisseurs étrangers dans le cadre du Partenariat transpacifique et de l'Accord économique et commercial global avec l'Europe.
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1 commentaire

  1. Simon Potter
    Simon Potter
    il y a 6 ans
    Avocat
    Plusieurs explications possibles. Peut-être que le Canada est plus souvent cible parce que le Canada viole le traité le plus souvent, ou parce que les Canadiens sont moins portés à poursuivre que les Américains, ou (comme le dit le Professeur Glantz, très connu dans le domaine et depuis longtemps) parce que c'est le résultat du hasard. Ce n'est pas nécessairement la faute du traité.

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