Entrevues

«Il manquait des choses dans ma vie»

Main image

Agence Qmi

2015-10-28 14:19:00

Stéphane Bédard, avocat et ancien député de Chicoutimi, revient sur son départ du Parlement et évoque ses projets...

Dans son appartement de Québec, loin des siens, Stéphane Bédard trouvait le temps long. L’ex-député de Chicoutimi et leader parlementaire du Parti Québécois commence sa « vie de père de famille à temps plein » cette fin de semaine. Au terme de ses six mandats en 17 ans de vie politique, Stéphane Bédard livre le fond de sa pensée.

À quel moment précis avez-vous décidé de démissionner ?

Lorsque l’intérim s’est terminé (à titre de chef du PQ), je savais qu’il y avait une partie de cette vie-là qui était derrière moi. Je voyais moins mon utilité.

La décision a-t-elle été prise sur un coup de tête ?

Chaque année, depuis la fin des années 2000, avec ma jeune famille, je regardais mes possibilités, ce qu’il y avait de mieux pour nous. C’est un processus qui se fait tranquillement. J’ai fait murir ma réflexion, on s’en parlait au bureau, à la maison.

Pourquoi n’avez vous pas attendu la fin de votre mandat pour quitter ?

Stéphane Bédard, avocat et ancien député de Chicoutimi.
Stéphane Bédard, avocat et ancien député de Chicoutimi.
Mes enfants ont 14, 10 et 7 ans. C’est un bel âge. D’attendre trois ans, surtout pour ma plus grande, je me disais qu’il serait trop tard. Je me disais que je ne peux pas manquer ses beaux moments parce qu’ils ne reviendront pas. Je pense que je le devais à la famille.

Vous avez goûté à la vraie vie de père de famille, cet été, en faisant un camp de jour à la maison. Est-ce cet événement qui vous a convaincu de partir ?

C’est vraiment à partir de ce moment que j’ai senti qu’il manquait des choses dans ma vie. (...) Je me sens heureux et valorisé quand je suis avec ma famille. (...) Je me sens très utile et je suis prêt pour cette belle vie de père de famille à temps plein.

Vous avez parlé, lors de votre départ, que vous ressentez un essoufflement. Que vouliez-vous dire par là ?

On vit des moments très intenses. (...) Nous avons des journées qui ne correspondent à rien de normal, c’est complètement fou. On le fait, comme si on courait un marathon, mais quand on arrête, on réalise que nous sommes essoufflés.

Avez-vous craint, un moment donné, pour votre santé ?

Non, mais je voyais que c’était plus lourd de me retrouver, trois jours par semaine, seul dans mon appartement. C’était vraiment difficile, ça je n’étais vraiment plus capable, il n’y avait plus rien qui compensait. J’avais toujours hâte de repartir vers Chicoutimi.

Est-ce que la perte de votre titre de leader parlementaire vous a convaincu de partir ?

Il y a des gens qui associent ce qui s’est passé avec ma décision de partir, mais non. J’ai vécu une déception, qui n’est pas fondamentale. Il y a quelques semaines, j’ai ressenti que c’était le bon temps. J’en ai parlé avec mon chef, Pierre Karl, et ça s’est officialisé en fin de semaine dernière. (...) Des déceptions, en politique, c’est fréquent. Je vais vous avouer que la défaite du gouvernement de Mme Marois, en 2014, a été beaucoup plus difficile.

Quelle a été la réaction de votre père, l’ancien ministre Marc-André Bédard ?

Il le sait que ce n’est pas terminé. Je reste un militant de l’indépendance, là où tout a commencé, avec mon père, en 1976, bardassé par tout le monde, dans un petit local enfumé. Pour moi ce n’est pas une démission du monde souverainiste, c’est une démission de député.

Est-ce que vous aviez une bonne relation avec votre nouveau chef ?

Ma relation avec mes chefs a toujours été très bonne. Pierre Karl, je l’ai connu autrement, mais ça n’empêche pas qu’on s’entend très bien. Il a toute ma confiance, ma loyauté et mon amitié.

Avez-vous des projets ?

Je ne suis pas mort, j’ai seulement 47 ans, je vais contribuer autrement. (...). Je vais analyser les opportunités qui s’offrent à moi. Je suis avocat, mais je ne ferme pas de porte à rien. Mon premier projet est de refaire la chambre de ma plus grande fille, elle est super contente, surtout que je me suis engagé à le faire publiquement. Elle m’en parlait encore ce matin et elle était vraiment contente.

Vous désirez demeurer à Chicoutimi ?

C’est certain, c’est ma vie ici, j’aime les gens et la nature. Ici je peux faire de la pêche, des randonnées, du cheval. Je suis un vrai Saguenéen, je me définis par rapport aux gens d’ici. Je suis un enragé souverainiste et régionaliste.

Êtes-vous intéressé par la mairie de Saguenay ?

Je suis vraiment ailleurs. Ça me touche de voir que les gens pensent à moi, mais je ne suis pas intéressé. Je crois que ça prend du renouveau.

C’est l’heure des bilans, quelle est votre plus grande réalisation ?

Il y en a plus qu’une. Je suis fier d’avoir réalisé la route à quatre voies dans le Parc ; de mon
programme pour rénover les gymnases dans les écoles ; la Charte du bois et la loi 1 sur l’intégrité des contrats publiques. Ça incarne beaucoup mon parcours.

Croyez-vous encore autant à la souveraineté ?

Je suis très confiant. Je vais toujours être là, comme militant. Il y a des cycles dans la population, il n’y a pas personne qui va me convaincre que la souveraineté est en déclin.

Est-ce que la vie de député va vous manquer ?

Nous avons tous des deuils à faire. C’est certain que je vais m’ennuyer du contact avec les gens, dans le comté de Chicoutimi, d’aider mes citoyens. Le reste, je l’ai fait pendant 17 ans et je l’ai bien fait en me disant qu’un jour il y aurait une fin.

Avez-vous un conseil pour votre successeur ?

Il doit avoir des convictions et avoir le gout de servir les citoyens. C’est toujours agréable d’aider les gens. Je crois qu’il faut se lancer en politique pour les bonnes raisons, pour les autres, pas pour nos ambitions.
4452

13 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Prime de départ
    M. Bédard

    Vous êtes un hyprocrite : vous avez été au front pour attaquer bec et ongles les primes de départ des députés et à votre départ, vous la réclamez.

    N'avez-vous pas un minimum de fibre morale?

    Quelle malhonneteté intellectuelle de votre part : vous ne croyiez donc pas ce que vous affirmiez publiquement pourtant avec tant de convictions.

    Mais de tout évidence ce n'était qu'un show.

    Et après les députés se demandent pourquoi les citoyens sont si cyniques face aux politiciens. Et ce n'est pas le 1er example.

    Merci, M. Bédard, d'avoir contribué à augmenter encore plus ce cynisme. Bravo!

    • Avocat
      Avocat
      il y a 8 ans
      Avocat
      Apprenez à lire. Il ne s'est jamais insurgé contre les primes de départ. Dans le cas de Yves Bolduc, Bédard a contesté le fait que la prime sert à d'autres fins.

      Vous n'avez pas le droit d'être cynique si vous ne savez pas lire...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      Ignorance
      Et vous suivez davantage la politique avant d'avancer des opinions ignorantes: le PQ était contre les indemnités et c'est Bédard, comme leader parlementaire, était l'un des porte-parole de cette position.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      Avocat?
      En fait, il s'est clairement insurgé contre les primes de départ. Il faut être ignorant ou malhonnête pour affirmer le contraire. Apprenez à lire? Apprenez donc à ne pas mentir

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      Mensonge, oui en effet
      Je seconde:

      "Au nom du Parti québécois, l’ex-député de Chicoutimi est monté au front à plusieurs reprises dans le passé pour dénoncer les allocations de transition pour les élus qui partent avant la fin de leur mandat." (Agence QMI)

      http://www.droit-inc.com/article16489-L-indemnite-de-depart-de-Stephane-Bedard-cree-un-malaise

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      M. Bédard
      Je gagerais que c'est M. Bédard lui-même qui a fait ce commentaire "Apprenez à lire", mais tout comme son absence de fibre morale pour renoncer à la prime de départ, il en manquait tout autant pour s'identifier.

      Quelle belle classe politique, nous avons.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Convictions??
    "Il doit avoir des convictions"

    C'est ce que M. Bédard dit dans son entrevue.

    Convictions, par exemple, que la prime de départ devait être abolie mais dont il chosit de se prévaloir lui-même à on départ.

    Belles convictions, en effet!

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    N'importe quoi!!
    Il nous prend pour des cons, ou quoi?

    "Mes enfants ont 14, 10 et 7 ans. C’est un bel âge. D’attendre trois ans, surtout pour ma plus grande, je me disais qu’il serait trop tard. Je me disais que je ne peux pas manquer ses beaux moments parce qu’ils ne reviendront pas. Je pense que je le devais à la famille."

    Et ça, il ne le savait pas avant de se représenter la dernière fois!

    S'il avait été reconduit dans ses foctions de leader parlementaire (ou d'autres), il serait encore là et cette entevue n'aurait pas eu lieu.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      Mentir...avec conviction
      Dire une chose pareille pour "justifier" son dpart, voilà ce qui s'appelle mentir avec conviction.

      C'est une insulte à l'intelligence des lecteurs de DI.

      Il ne faut vraiment pas être très intelligent pour penser que des avocats (à qui cette entrevue s'adresse) goberait un tel mensonge.

      Bon débarras, M. Bédard (et ceci vient d'un membre du PQ - vous faites honte à mon parti))

  4. Citoyenne
    Citoyenne
    il y a 8 ans
    Contribution
    On sait à quoi sert l'argent des contribuables: a refaire la chambre de la fille de Me Bédard! Chanceuse la petite, un make over de sa chambre sur le bras de l'État.

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Choses manquantes
    Titre de l'article: "Il manquait des choses dans ma vie"

    Style fibre morale, honnêteté intellectuelle, constance dans ses convictions, dire la vérité?

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Pfff
    Sa plus grande réalisation? Il répond "Je suis fier d’avoir réalisé la route à quatre voies dans le Parc ; de mon
    programme pour rénover les gymnases dans les écoles"

    Facile de "réaliser " des choses:
    - lorqu'on le fait avec l'argent des contribuables
    - lorsque tout ce qu'on a à faire c'est d'ordonner à d'autres de le faire et puis d'en prendre tout le crédit à la fin des travaux, photo op à l'appui
    - lorsqu'on l'a fait - toujours avec l'argent des contribuables - que ça allait rapporter des votes aux prochaines élections.

    Allez vous rhabiller, M. Bédard. Ce genre de prise de crédit est honteux.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 8 ans
      Pff .. quel raisonnement foireux.
      Tu parles d'un raisonnement.

      À ce compte-là, aucun politicien municipal, provincial, fédéral, ni aucun fonctionnaire ou employé d'une société d'État ne peut s'attriber un quelconqe mérite lié à son travail.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires