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#MoiAussi : le Barreau ontarien croule sous les plaintes

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Jean-francois Parent

2018-11-12 11:00:00

Actes déplacés, commentaires désobligeants… Les plaintes à l’endroit des juristes sont en hausse de 50 %.

Lai-King Hum, l’un des trois avocats qui travaillent pour le bureau du Conseiller juridique
Lai-King Hum, l’un des trois avocats qui travaillent pour le bureau du Conseiller juridique
Le Conseiller juridique en matière de discrimination et de harcèlement mis sur place par le Barreau ontarien ne chôme pas.

Son plus récent rapport couvrant les six premiers mois de 2018 recense 125 plaintes, soit une quarantaine de plus que pendant les six derniers mois de 2017.

Comme les autres professions, le droit n’est pas épargné par les cas d’inconduites.

On enregistrait une moyenne de 14 plaintes par mois en 2017, on en reçoit maintenant 21, selon le rapport d’activité du Conseiller juridique en matière de discrimination et de harcèlement, ouvert l’an dernier par le Barreau de l’Ontario pour documenter les problèmes de harcèlement dans la profession juridique.

De ces 125 plaintes, 45 ont été logées par des juristes, pour dénoncer des inconduites de leurs collègues, relate le rapport publié par l’ordre professionnel des avocats ontariens.

De ces 45 plaintes, 80 % sont issues de femmes. Le tiers des plaintes déposées par des juristes concerne exclusivement le harcèlement sexuel, le restant invoquant des motifs de discrimination basée sur le sexe ou l’ethnie.

Le reste des plaintes ont été déposées par des gens du public ayant observé des gestes déplacés de la part d’avocats, ou encore des clients qui se plaignent de leur avocat ou de l’avocat adverse.

Environ le tiers des 125 plaintes ont été jugées sérieuses et méritant des compléments d’enquête, voire des plaintes au syndic.

Un cabinet a même fait l’objet de trois plaintes distinctes concernant trois de ses avocats.

Des motifs variés

Paul-Matthieu Grondin, bâtonnier du Québec
Paul-Matthieu Grondin, bâtonnier du Québec
Parmi les gestes dénoncés, on retrouve des avances insistantes et persistantes, en personne ou par texto, des menaces physiques ou verbales, des moqueries au sujet d’un handicap et même l’offre de services juridiques en échange de faveurs sexuelles.

Lai-King Hum, l’un des trois avocats qui travaillent pour le bureau du Conseiller juridique, estime que la hausse du nombre de plaintes fait suite au mouvement #MoiAussi.

Signe des temps, le Barreau du Québec mène lui aussi son étude auprès de ses assujettis afin de déterminer l’ampleur du phénomène au Québec.

« Il s’agit d’une recherche importante qui permettra de documenter la problématique du harcèlement sexuel dans la profession », selon le bâtonnier du Québec Paul-Matthieu Grondin.

Il a insisté sur l’importance de donner la parole à tous les membres ainsi qu’aux stagiaires que ces personnes aient ou non vécu de telles situations. «Un lieu de travail doit être exempt de harcèlement. »

Le Barreau déclare vouloir se servir des résultats pour «cibler des moyens de prévention et développer ou consolider des mesures de soutien».

Les syndics ont également reçu une formation spécifique sur les questions liées aux agressions ou à l’inconduite sexuelles.

Des stagiaires pas épargnés

Au début de l’année, le Barreau de l’Ontario révélait qu’un stagiaire sur 5 est victime de harcèlement en Ontario. Un coup de sonde auprès de quelque 1400 avocats stagiaires d’Ontario illustrait que le quotidien de plusieurs d'entre eux est fait de harcèlement, d'inconduite et de discrimination.

Ainsi, parmi les stagiaires qui ont complété leur stage l'an dernier, 21 % ont déclaré avoir « des commentaires désobligeants ou des actes déplacés par rapport à leur apparence physique », selon le Barreau ontarien.
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