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Le leadership au féminin

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Diane Poupeau

2019-02-25 15:00:00

Que doivent faire les femmes pour s'imposer dans l'univers du droit? Le jeune barreau organisait un colloque pour promouvoir le leadership des avocates. Droit-Inc y était.


Plusieurs dizaines d'avocates étaient réunies à l'invitation du Jeune barreau de Montréal.
Plusieurs dizaines d'avocates étaient réunies à l'invitation du Jeune barreau de Montréal.

Plusieurs dizaines d'avocates étaient réunies à l'invitation du Jeune barreau de Montréal (JBM), le 22 février, pour échanger sur le leadership au féminin.

L'objectif de l'événement était notamment de promouvoir la présence des femmes dans le milieu des affaires, de sensibiliser le milieu du droit et des affaires à la condition féminine et de démystifier les enjeux reliés aux femmes au sein de ces milieux.

La Directrice générale du JBM, Me Stéphanie Beaulieu.
La Directrice générale du JBM, Me Stéphanie Beaulieu.
Si les avocates ont répondu à l'invitation, rares étaient les avocats à avoir fait le déplacement. Seule une dizaine d'hommes étaient présents, comme si la place des femmes dans le métier était une affaire de femmes, à régler entre femmes.

Le constat doit néanmoins être relativisé. « Je suis quand même satisfaite car lors de la dernière édition, nous n'avions que trois hommes inscrits, cette année ils sont une dizaine, donc nous sommes contents de voir qu'il y a une évolution de ce côté-là », a commenté la Directrice générale du JBM, Me Stéphanie Beaulieu.

Du chemin a été parcouru

L'honorable Louise Mailhot.
L'honorable Louise Mailhot.
Trois panels d'invités se sont succédés sur la scène du cabaret Lion d'or tout au long de l'après-midi. Le premier panel était intergénérationnel, l'occasion pour les invitées de partager leur expérience.

Le témoignage de l'honorable Louise Mailhot, Ad. E., la première avocate du Barreau de Montréal à avoir été nommée juge à la Cour d’appel du Québec en 1987, a notamment permis de mesurer le chemin parcouru depuis son entrée dans la profession.

« À la fin de mon stage, j'ai annoncé que je voulais plaider. On m'a répondu que ce n'était pas possible, qu’il fallait que je fasse de la recherche car les clients n’accepteraient pas d’être représentés par une femme et les juges refuseraient de trancher en ma faveur », a-t-elle racontée.

À l'époque, à la fin des années 60, le barreau de Montréal comptait 3500 avocats… dont 3 % de femmes.

20 % des associés sont des femmes

Les avocates ont répondu à l'invitation pour échanger sur le leadership au féminin.
Les avocates ont répondu à l'invitation pour échanger sur le leadership au féminin.
Aujourd'hui, certaines choses ont changé, en témoignent des parcours de réussite exceptionnel, comme celui de Me Adina Georgescu, devenue associée chez Miller Thomson en seulement cinq ans. Il n'en demeure pas moins que seules 20 % des associés sont des femmes.

Les panélistes ont insisté sur l'importance du réseau pour s'imposer dans le milieu. « Il faut avoir un réseau dès le départ », a commenté Me Georgescu. « C’est un atout précieux et on ne réalise pas à quel point ça peut avoir un impact positif ». Me Maillot a également conseillé de ne pas « hésiter à aller chercher des mentors ».

Le leadership, tout un art

Me Guylaine Bachand, avocate en droit des médias.
Me Guylaine Bachand, avocate en droit des médias.
Le deuxième panel proposait un échange autour de la notion même de leadership et des moyens de le développer.

À ce titre, Me Sophie Audet, avocate et coach d’affaires, a rappelé que le leadership, « c'est l’art d’inspirer les gens dans la direction qu’on a choisi ». Si « tous les types de personnalité peuvent être un leader », trois piliers sont indispensables : « la confiance, la crédibilité et le courage ».

Mais attention, leadership n'est pas synonyme d'autorité. Ça n'a rien à voir ! a commenté Me Audet. « On peut même être un leader extraordinaire en dehors du travail. On peut aussi l'être dans une réunion qui piétine, avec nos clients et on peut même leader nos patrons ! ».

Le leadership implique aussi la nécessité de prendre des décisions impopulaires. Selon Me Guylaine Bachand, avocate en droit des médias, « pour amoindrir le sentiment qu’on n’est pas populaire, il faut toujours rester dans l’action. Et si ça tourne mal, il faut chercher des solutions à l’extérieur ».

Me Selena Lu, avocate chez Lapointe Rosenstein Marchand Melançon et Présidente de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, conseille pour sa part de ne pas se préoccuper de l'impopularité : « on peut perdre beaucoup de temps à essayer de plaire à tout le monde ».

Des systèmes de recrutement objectifs

Seule une dizaine d'hommes étaient présents.
Seule une dizaine d'hommes étaient présents.
Le troisième et dernier panel était quant à lui consacré à la question des préjugés inconscients dont les femmes peuvent être victimes dans le cadre de leur carrière. Ceux-ci se manifestent à plusieurs étapes d'une carrière, et notamment pendant l'embauche et lors des avancements.

L'exemple le plus parlant : l'accès à l'association. « Pour l’accession au partenariat, les critères sont très objectifs, alors pourquoi les femmes continuent à se poser la question du moment propice pour avoir un enfant ? Les hommes ne se posent pas cette question », a réagi Me Mathilde Borsenberger, Directrice des programmes à l’intention des avocats, des stagiaires et des étudiants chez Gowling WLG.

Me Philippe-Olivier Daniel.
Me Philippe-Olivier Daniel.
Me Philippe-Olivier Daniel, seul homme ayant participé à un panel, a lui-même reconnu que le fait d’être un homme, blanc a pu jouer en sa faveur. « Je sentais que j'avais un avantage par rapport aux autres, que j'avais moins besoin de convaincre », a-t-il témoigné.

Dans son cabinet, Podlégal, il a mis en place un système de recrutement objectif, basé sur des questionnaires « pour donner la même chance à tout le monde ».

Un système identique a été mis en place chez Gowling pendant la course aux stages, où les avocats recruteurs ont même été soumis à un test psychologique afin d'identifier leurs biais et leur permettre de se retirer s'il pense ne pas être en mesure de prendre une décision objectif.

Malgré ces procédures, la route semble toutefois encore longue pour atteindre une égalité dans le milieu juridique.
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17 commentaires

  1. CFF
    Pathétique
    >Si les avocates ont répondu à l'invitation, rares étaient les avocats à avoir fait le déplacement. Seule une dizaine d'hommes étaient présents, comme si la place des femmes dans le métier était une affaire de femmes, à régler entre femmes.

    Complètement pathétique. Si +50% d'hommes auraient composé l'audience, vous auriez crié à l'oppression des femmes et le fait que les hommes tentent de prendre leur place.

    Ça devient de plus en plus ridicule à chaque jour qui passe. Dommage qu'une juriste hors pair telle que l'Hon. juge Mailhot participe à cette folie moderne.

    • Pirlouit
      Pirlouit
      il y a 5 ans
      Vengeance
      En fait il n'y a rien à régler puisque la place des femmes dans le métier n'est tout simplement plus un problème. Seules les éternelles mécontentes se plaignent encore.

      Comme beaucoup de groupes ayant subi des injustices dans le passé, ce n'est pas la justice et l'égalité qui est recherché, c'est la vengeance contre les anciens puissants.

      Cette attitude revancharde est le meilleur argument pour que ceux qui sont toujours bourreaux ailleurs refusent tout changement.

  2. DSG
    les avocats recruteurs ont même été soumis à un test psychologique
    Ok, now this is just getting stupid. Claiming that you are not sexist is not enough. Now they put you through a psychologist test. What does the test entail; seeing how many episodes of Sex in the City you can watch before you barf?

  3. Iconoclaste
    Iconoclaste
    il y a 5 ans
    Avocat
    "Me Philippe-Olivier Daniel, seul homme ayant participé à un panel, a lui-même reconnu que le fait d’être un homme, blanc a pu jouer en sa faveur. « Je sentais que j'avais un avantage par rapport aux autres, que j'avais moins besoin de convaincre », a-t-il témoigné."

    C'est vraiment désolant de lire de pareilles paroles dignes d'un finissant en études féministes de l'UQAM qui régurgite le discours anti-blanc et anti-homme...

    Je dis ça comme ça, les femmes sont plus de 70% des finissantes des cohortes de droit et majoritaires dans la profession. Pourquoi ne parle-t-on pas de leadership au masculin ? Il faudrait peut-être arrimer le discours à la réalité de 2019.

    • Monique
      Monique
      il y a 5 ans
      CQFD
      70% de finissantes comme vous dites et 20% d’associées, vous ne le voyez pas de vous-même le problème ? Moi aussi je dis ça comme ça.

    • Pierre-Marc Boyer
      Pierre-Marc Boyer
      il y a 5 ans
      Avocat
      Il n'y a aucune preuve que ce 20% est dû à la discrimination.

      Toutes les données et statistiques à ce sujet démontrent que cette réalité découle de CHOIX faits par les femmes de travailler un moins grand nombre d'heures, dans des emplois de contentieux.

      Travailler 90 heures par semaine au rythme infernal des grands bureaux pendant 15 avant d'être associé n'est pas le fantasme de tout le monde, et les femmes en particulier n'y voient rien de bien excitant. C'est tout à fait normal et légitime et c'est leur choix.

      Votre objectif de les transformer en esclaves corporatifs comme les hommes l'ont été ne fonctionnera jamais.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      ...
      Ce n’est pas un choix monsieur l’avocat. On choisit ces postes car il faut bien que quelqu’un s’occupe des enfants et de la maison. Réfléchissez enfin !

    • Pirlouit
      Pirlouit
      il y a 5 ans
      Manque de volonté
      Ça ressemble beaucoup aux sécances d'auto-critiques communistes. Je m'attendais à plus d'un avocat.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Très drôle
      "ce n'est pas un choix" ..."on choisit ces postes"...

      C'est un choix ou c'est pas un choix ? Faudra choisir !

  4. Iconoclaste
    Iconoclaste
    il y a 5 ans
    Avocat
    "Malgré ces procédures, la route semble toutefois encore longue pour atteindre une égalité dans le milieu juridique."

    Quel cliché sexiste anti-homme...70% des finissants en droit sont des femmes, les hommes n'ont plus accès aux études supérieures dans tous les domaines, mais on nous répète dans un article sur droitinc.ca que "l'accès à l'égalité n'est pas encore atteinte".

    Question: quand sera-t-elle atteinte? Les études démontrent que les femmes CHOISISSENT des emplois de contentieux, plus flexibles et plus stables, permettant une meilleure conciliation travail-famille au lieu du rythme de fou des grands cabinet, contrairement à l'idée reçue qui veut que le facteur principal est la discrimination.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      ...
      Pauvre petit homme discriminé. Les femmes sont obligées de prendre de tels postes pour s’occuper des enfants pendant que monsieur est au travail et s’épanouit professionnellement. Réfléchissez un peu !

  5. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Homme féminisé
    Les femmes qui sont incapables de faire preuve de leadership se rabattent sur le "leadership au féminin" c'est pathétique.

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Féminisme
    Je partage l'indignation des autres commentateurs, mais pas leur surprise.

    Le féminisme a pour but de détruire la masculinité. C'est une idéologie qui origine dans la haine de la famille et du fonctionnement normal de la biologie.

    La profession serait 90% féminin que cette associations et ces panels existeraient encore.

    Il est plus que temps de soulever le voile sur ce que le féminisme est vraiment, même sous un beau vernis comme celui présenté ici.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 5 ans
      Regardez ailleurs pour trouver le problème
      https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/f%C3%A9minisme/33213

      C'est pas parce que la société n'évolue plus sur un modèle de 1950 que le féminisme "a pour but de détruire la masculinité" ou "origine dans la haine de la famille et du fonctionnement normal de la biologie".

      Si vous vous sentez menacé dans votre masculinité parce que les femmes ne sont plus cantonnées aux fourneaux, le problème est chez vous mon pauvre vieux. Je dis ça comme ça, mais vous pourriez essayer d'aller trouver une solution à votre problème dans votre boite de spam. Je suis certaine que vous y trouverez ce qu'il vous faut pour élargir votre... confiance en vous!

  7. SBS
    same old song
    « Pour l’accession au partenariat, les critères sont très objectifs, alors pourquoi les femmes continuent à se poser la question du moment propice pour avoir un enfant ? Les hommes ne se posent pas cette question », a réagi Me Mathilde Borsenberger, Directrice des programmes à l’intention des avocats, des stagiaires et des étudiants chez Gowling WLG.

    Réponse: Parce que les hommes sont moins touchés par la venue d'un enfant. Il ne le porte pas dans leur ventre pendant 9 mois et n'ont pas besoin de se remettre de l'accouchement.

    Cette réalité a toujours existé et elle ne changera pas. Les hommes ont beau être plus présent il reste que c'est la femme qui est enceinte et qui accouche.

  8. une avocate
    une avocate
    il y a 5 ans
    @Pierre Marc Boyer: effectivement
    Je suis très d'accord avec le commentaire de Pierre-Marc Boyer. Quand j’étais avocate dans un bureau, j'ai moi-même renoncé au partnership par choix et je n'ai vu aucune discrimination face aux femmes dans mon ancien bureau d'avocats. Je constate aussi dans mon entourage toutes mes amies avocates ou connaissances ne veulent pas travailler 90 heures semaines ou faire du "networking" qui est nécessaire pour être partner. Il faut aussi noter qu'anciennement il n y avait pas 70% des finissants qui étaient des femmes: donc c'Est sure que plus vous monter dans l'ancienneté des partners vous aller naturellement voir moins de femmes car il y en avait moins en tant que finissante. Ceci jumelé aux choix des femmes explique le 20%. Par ailleurs, à chaque fois qu'il y a un cocktail de femmes en droit ou femmes d'affaires ou truc du genre qui "guettoise" les femmes- je n'y vais pas. C'est dépassé.

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 5 ans
    Le vrai drame
    Le vrai drame, c'est d'avoir choisi le droit.

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