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Un juge fraudé, un notaire complice, une avocate prête-nom

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Florence Tison

2020-10-20 15:00:00

Un investisseur des Laurentides aurait fait une méga-fraude de 30 M$ à l'aide d'un notaire maintenant radié et d’une avocate. Un juge est l'une des victimes...

Jean-François Désormeaux aurait fait une immense fraude. Photo : LinkedIn
Jean-François Désormeaux aurait fait une immense fraude. Photo : LinkedIn
Jean-François Désormeaux, 39 ans, est un homme d’affaires de Saint-Jérôme soupçonné d’avoir orchestré une immense fraude de 30 millions $ pendant plus de cinq ans.

La quarantaine d’investisseurs floués a permis à Desormeaux de s’offrir une Porsche, une Mercedes, deux montres Rolex, une maison d’un million $ et un bateau de 150 000 $, révèle une enquête du Journal de Montréal.

Ces prêteurs croyaient investir dans des projets immobiliers tels que des stations-service et des restos d’alimentation rapide.

Parmis les malheureux investisseurs clients des firmes de Désormeaux Idéal Finance et Idéal Développement, se trouve Me Manlio Del Negro, qui est depuis juge à la Cour du Québec.

Le juge Del Negro, alors avocat criminaliste, exploitait une entreprise de prêts privés à haut taux d’intérêt avec son épouse. Il aurait prêté plus de 650 000 $ à Désormeaux en 2015, et se dit depuis victime d’une « arnaque ».

« Après 15 minutes (dans une loge V.I.P. avec Désormeaux et quelques autres), Manlio Del Negro comprend que son argent est en péril entre les mains de ces gens », indique une policière dans le document qui a mené aux perquisitions.

Ces trois dernières années, le juge Del Negro, son épouse Suzan Caon et plusieurs prêteurs ont entamé des recours en justice contre Jean-François Désormeaux et le notaire Pierre Aubin pour se faire rembourser. Le procès doit débuter dans les prochaines semaines.

Un ex-notaire complice présumé

La Sûreté du Québec (QC) croit maintenant que l’homme d’affaires et ses complices auraient détourné d’immenses sommes destinées au développement immobilier dans les Laurentides. Une enquête est toujours en cours.

L’un des complices présumés est Pierre Aubin, un notaire de Laval, dont les bureaux ont été perquisitionnés en 2017.

Me Manlio Del Negro. Photo : Site Web de l'Université Sherbrooke
Me Manlio Del Negro. Photo : Site Web de l'Université Sherbrooke
L’ex-notaire déposait dans son compte en fidéicommis l’argent que Désormeaux avait sollicité des prêteurs. L’argent a finalement servi à l’achat de bijoux, voitures, etc., et les projets immobiliers utilisés pour appâter les investisseurs n’ont jamais été développés.

Les projets immobiliers appartenaient à des prête-noms, qui n’ont eu qu’à faire faillite pour que les investisseurs ne se retrouvent avec des terrains à valeur bien moindre que leur prêt.

Notaire depuis plus de 30 ans, M. Aubin a plaidé coupable d’avoir imité la signature d’un client, d’avoir préparé un faux document et d’entraves à l’enquête du syndic de la Chambre des notaires du Québec. Il a écopé d’une radiation d’un an le 18 juillet 2019.

« L’intimé a imité la signature de madame Caon. Celui-ci n’admettra ce fait qu’après l’obtention par la plaignante d’une expertise portant sur cette signature vers la fin de l’année 2017 », peut-on lire dans le jugement du Conseil de discipline de la Chambre des notaires.

Pierre aubin attend également sa peine à la suite d’une autre décision sur culpabilité de la Chambre des notaires, liée elle aussi à cette affaire.

Le 5 février dernier, le Conseil de la Chambre des notaires a déterminé que M. Aubin « a été négligent dans l’exécution de son mandat et que sa conduite ne respecte pas les obligations déontologiques (...)qu’il a manqué à son devoir de fournir à son client les explications nécessaires à la compréhension et à l’appréciation des services qu’il lui rend et à son devoir de lui remettre un document écrit détaillant les honoraires, commissions ou déboursés qu’il verse à un tiers pour son bénéfice, au point d’avoir une conduite dérogatoire à l’honneur et à la dignité de la profession. »

Une avocate prête-nom

L’avocate Me Isabelle Collette, qui est également vice-présidente d’une entreprise de construction commerciale, aurait agi comme prête-nom pour le compte de Jean-François Désormeaux dès 2016.

Me Collette aurait ainsi été la propriétaire de terrains auparavant détenus par un autre prête-nom, Olivier Gaudet, 27 ans. Cet employé de Planète Poutine a déclaré une faillite de 20 millions $ en 2018.

L’avocate maintient avoir été bernée par Désormeaux. Fin 2018, elle s’est déclarée insolvable avec des dettes de 12,3 millions $.

« Les sociétés m’ont été transférées à titre d’unique administrateur et actionnaire puisque JFD (Désormeaux) était insolvable ayant fait faillite », explique-t-elle dans un affidavit en 2018 déposé dans une autre procédure.

« Je ne veux plus entrer en contact avec lui, sous aucun prétexte », poursuit-elle, en précisant que cet homme est « dangereux ».

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