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Allégation d'agression sexuelle : Patricia Tulasne poursuit Gilbert Rozon

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Radio -canada

2021-04-15 13:30:00

La comédienne réclame 1,6 million de dollars à l’ex-producteur…

Patricia Tulasne a représenté le groupe de présumées victimes Les Courageuses, dont la demande d'action collective a été bloquée. PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS
Patricia Tulasne a représenté le groupe de présumées victimes Les Courageuses, dont la demande d'action collective a été bloquée. PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS
Près de 27 ans après avoir été « brutalement violée », la comédienne Patricia Tulasne intente une poursuite de 1,6 million de dollars contre le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, qu'elle accuse de l'avoir agressée sexuellement.

Quatre mois après avoir été acquitté lors d'un procès criminel pour viol concernant une autre femme, l'homme d'affaires de 66 ans doit à nouveau se défendre devant les tribunaux, cette fois dans une cause civile.

Patricia Tulasne « demande que justice soit faite, que la vérité de l'agression qu'elle a subie soit démontrée, que les mensonges du défendeur soient exposés », peut-on lire dans la demande introductive d'instance déposée au palais de justice de Montréal, dont Radio-Canada a obtenu copie.

« Des yeux de fou »

L'actrice raconte qu'elle avait 35 ans lorsque Gilbert Rozon l'aurait agressée sexuellement en août 1994, alors qu'elle jouait dans une pièce de théâtre présentée au festival Juste pour rire.

Après un souper de groupe, il l'aurait reconduite chez elle dans Outremont. « Contre son gré », il l'aurait suivie dans son entrée. Il a poussé la porte, s'est introduit de force dans son appartement, stipule le document judiciaire. « Il a alors plaqué (Patricia Tulasne) contre le mur, s'est jeté sur elle et s'est mis à déboutonner sa robe. »

En état de choc , la comédienne affirme qu'elle s’est d'abord figée, puis s'est « laissé faire ».

« Alors qu'elle a résisté au début, Rozon avait des yeux de fou et elle a eu peur qu'il la frappe. Elle avait également peur de ce qu'il pourrait faire à sa carrière », ajoute le document. Gilbert Rozon « l'aurait traînée dans la chambre à coucher » et agressée sexuellement.

« Pendant plus de 20 ans, elle a subi les séquelles de cette agression, seule et en silence », écrivent les avocats de la demanderesse, Bruce W. Johnston et Anne-Julie Asselin.

Patricia Tulasne serait « tombée en profonde dépression » avec « des idées noires ». Elle s'est isolée et a mis sa carrière en veilleuse. L'agression sexuelle aurait « empoisonné sa vie ».

Sa plainte à la police n'a pas été retenue

Patricia Tulasne a dénoncé Gilbert Rozon dans la foulée du mouvement de dénonciation #MoiAussi. En octobre 2017, elle a porté plainte contre l'homme d'affaires auprès du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), tout comme 13 autres femmes. Seule la plainte d'Annick Charette a mené à des accusations criminelles de viol et d'attentat à la pudeur pour des événements qui seraient survenus en 1980.

En décembre 2020, au terme d'un procès devant la Cour du Québec au cours duquel il a nié les crimes allégués, Gilbert Rozon a été acquitté. « Le verdict d'acquittement ne signifie pas que les incidents reprochés ne se sont pas produits », a nuancé la juge Mélanie Hébert, en expliquant que le magnat bénéficie du doute raisonnable.

Dissuader son comportement odieux

Afin de « punir et dissuader son comportement odieux », Patricia Tulasne réclame 600 000 $ en dommages-intérêts à Gilbert Rozon et un million de dollars en dommages punitifs, « montant qui ne tient pas compte des dommages punitifs qui pourraient être attribués à d'autres victimes du défendeur ».

Mme Tulasne, 62 ans, est la porte-parole du groupe Les Courageuses, un collectif d'une vingtaine de femmes qui affirment avoir été agressées sexuellement par Gilbert Rozon entre 1982 et 2016. Elles ont voulu intenter un recours collectif contre celui qu'elles qualifient de « prédateur ».

L'an dernier, la Cour d'appel du Québec a bloqué leur recours, estimant qu'il n'était pas le « véhicule procédural approprié ». La Cour suprême a ensuite refusé d'entendre l'appel des Courageuses. Elles reprochaient à Gilbert Rozon d'avoir « utilisé sa position de pouvoir et d'influence » pour « piéger plusieurs victimes ».
Au cours des dernières années, Gilbert Rozon a fait des déclarations dans lesquelles il niait « catégoriquement » toutes les allégations d'inconduite sexuelle qui le visaient.

En 1998, il avait obtenu une absolution inconditionnelle après avoir plaidé coupable à une accusation d'agression sexuelle lors d'une réception au Manoir Rouville-Campbell, à Mont-Saint-Hilaire.
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