Un diamant en Sierra Leone
Jusqu’à tout récemment, Lucie Laplante, 34 ans, était responsable de gérer les efforts du gouvernement allemand en Sierra Leone pour reconstruire le système judiciaire, mis à mal par onze ans de guerre civile intergénérationnelle. Une génération entière ayant été privée d’éducation, il faut former des professionnels du droit. Les ressources matérielles et institutionnelles manquent cruellement dans ce pays où les institutions sont britanniques, mais où le droit est avant tout coutumier.
« Ce qui est très difficile, c’est de voir dans la population les traces laissées par la guerre. Il y a beaucoup d’amputés. L’animosité subsiste encore aujourd’hui entre les jeunes et les plus vieux. J’ai déjà vu des personnes âgées insulter un jeune chauffeur de taxi qui allait me reconduire, sans raison apparente. Peut-être le reconnaissaient-ils comme un ancien enfant-soldat.»
De la culture aux négociations
En Afrique, Lucie Laplante a vécu le statut de minorité visible dans une zone où la sécurité soulève des points d’interrogations. Elle prenait les précautions nécessaires, notamment en ne se promenant jamais seule en soirée. Du coup, elle ne s’est jamais sentie en danger.
Dans le désert africain
Elle a voyagé dans plusieurs pays : Sénégal, Ghana, Guinée. « Au Mali, la musique est fabuleuse. J’adore aussi l’art africain. Pour moi, c’était un plaisir d’aller au marché, de trouver des œuvres et, bien sûr, de négocier », se souvient Lucie Laplante.
Son goût pour le transactionnel se transpose d’ailleurs à un niveau professionnel. Elle a pratiqué le droit des affaires au Mexique et œuvre désormais au quartier général de la Croix-Rouge à Genève, où elle s’occupera des aspects contractuels des opérations de l’organisation. « Les transactions immobilières, les contrats de prêt internationaux, tout ce qui touche aux contrats m’intéresse, mais dans un contexte d’aide. »
Espoir et stabilité
Malgré tous les problèmes du continent africain, Lucie Laplante croit qu’on se concentre encore trop sur les difficultés et pas assez sur les réussites. « On entend parler de ce qui va mal, mais pas assez de l’industrie touristique, des populations particulièrement intéressantes à rencontrer, des paysages à couper le souffle. »
Elle admet sans peine que beaucoup reste à faire. Selon Me Laplante, pour que l’Afrique retrouve une certaine stabilité, l’économie locale doit se développer et offrir les services de base à la population. « Quand les gens n’ont pas de boulot et n’ont pas accès à des soins de santé, ça peut résulter en conflit sanglant », analyse-t-elle.
Installée depuis peu en Suisse, la jeune Québécoise rêve aussi de stabilité. Même si elle y revient environ deux fois par année et qu’elle s’ennuie de ses proches et des mets québécois, elle ne prévoit cependant pas revenir bientôt au Québec.
« J’aimerais me stabiliser un peu, fonder une famille, peut-être. Pour le travail et la famille, c’est plus facile en Europe pour l’instant. À Genève, le mode de vie ressemble à l’Amérique du nord, mais comme la ville comprend 37% d’expatriés, je fais encore des rencontres culturelles. C’est ce qui ne passionne, dans la vie comme au travail. »
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