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Des avocats en colère contre Boisvenu

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Agence Qmi

2011-11-20 10:09:00

Critiqué par le Barreau du Québec pour des paroles prononcées à la radio jeudi, le sénateur Pierre- Hugues Boisvenu suscite aussi le mécontentement des avocats de la défense, qui lui reprochent son «manque d'objectivité et de connaissances».

Des propos démagogues, estime Debora De Thomasis
Des propos démagogues, estime Debora De Thomasis
«Boisvenu, où prenez-vous vos statistiques bidon afin d'induire la population en erreur ? Démagogue qui prétend se soucier des victimes !», a notamment écrit sur Twitter Debora De Thomasis, secrétaire de l'Association des avocats de la défense de Montréal.

M. Boisvenu a dit jeudi, sur les ondes de Radio-Canada, que le Barreau du Québec comprenant 80 % d'avocats de la défense, il est normal qu'il soit contre un projet de loi affectant sa clientèle.

Le Barreau a rétorqué que les avocats en droit criminel ne représentent que 5 % de ses membres et que sa position «vise à favoriser les moyens de prévention et de réhabilitation plutôt qu'une approche fondée sur la répression aveugle».

Le projet de loi prévoit des peines minimales et des peines plus sévères pour différents types de crimes.

Grogne dans les associations

«Je trouve ça triste que cet homme commente le projet de loi C-10. Il est terriblement blessé, on sait tous ce qui est arrivé à sa fille. Mais parfois, il manque d'objectivité et de connaissances», estime Me Danièle Roy, responsable des communications de l'Association québécoise des avocats et avocates de la défense.

Selon elle, les avocats de la défense ne sont pas là pour remettre les criminels en liberté, mais bien pour s'assurer que les droits de tous, victimes comme accusés, sont respectés.

«Je pense qu'on doit avoir ce débat, mais il faut que ce soit basé sur des études. M. Boisvenu sort des statistiques de nulle part. Quand on le confronte avec des chiffres d'une source officielle, il dénigre l'institution, car elle ne soutient pas sa cause personnelle. Peut-être qu'il a raison, mais il faut que ce soit basé sur quelque chose», ajoute Me De Thomasis.

Selon les deux avocates, rien ne prouve que le projet de loi viendra réduire la criminalité, au contraire.

Le sénateur maintient sa position

En réponse au Barreau du Québec, qui l'accuse d'avoir induit le public en erreur à propos de la position de l'organisation sur le projet de loi C-10, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu persiste et signe.

Le sénateur Boisvenu persiste et signe
Le sénateur Boisvenu persiste et signe
«Après deux ans au Sénat, je n'ai jamais vu le Barreau appuyer un projet de loi pour assurer les droits des victimes ou renforcer la sécurité dans les rues», martèle-t-il, faisant référence tant au Barreau canadien que québécois.

Selon lui, une minorité des avocats membres du Barreau défendent des victimes d'actes criminels. Ils prendraient donc position dans un champ d'expertise où ils ont peu d'expérience, d'où leur opposition au projet de loi, croit-il.

«Un impact sur le chèque de paye»

Il précise que lorsqu'il désignait 80 % des membres du Barreau comme des avocats de la défense, il voulait dire des avocats qui n'avaient pas de lien avec les victimes, incluant tant des avocats en droit criminel que des avocats au civil ou en droit des affaires.

«Pour ceux qui défendent des criminels, si les sentences sont plus longues, ils reviennent moins souvent dans le système. Ça a un impact sur leur chèque de paye», déclare M. Boisvenu sur les raisons motivant les avocats de la défense à s'opposer au projet de loi C-10.

L'argument est réfuté par Debora De Thomasis. «Ça engorge encore plus le système. Il y a plus de procès et de contestations constitutionnelles depuis qu'il y a des peines minimales », répond la secrétaire de l'Association des avocats de la défense de Montréal.

Pierre-Hugues Boisvenu estime que le projet de loi C-10 permettra non seulement de diminuer la criminalité, mais de faire correspondre le Code criminel à la gravité des gestes posés, de rectifier le tir là où la criminalité est en hausse et de régler le problème d'écart entre les sentences.

«Pour une même peine, certains avaient de trois à cinq ans de prison, d'autres, 45 jours dans la collectivité. Il n'y aura plus de sentences qui deviennent presque un permis de récidiver», conclut-il.

Ce qu'ils ont dit :

«Les sentences sont appliquées avec mollesse par le système carcéral. Si on libère un violeur au sixième de sa peine, on envoie le message que ce n'est pas plus grave qu'un vol de gants.» - Sénateur Pierre-Hugues Boisvenu

«En mettant une peine mini-male partout, on enlève au juge le pouvoir de décider ce qui est approprié pour cette personnelà dans ce cas bien précis.» - Me Debora De Thomasis, secrétaire de l'Association des avocats de la défense de Montréal

«L'ensemble des intervenants au Québec, dont le directeur des poursuites criminelles et pénales, n'est pas d'accord avec le projet de loi C-10. Ce sont des mesures inutiles et répressives.» - Me Danièle Roy, responsable des communications de l'Association québécoise des avocats et avocates de la défense
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7 commentaires

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 12 ans
    Justice
    Même si le système de réhabilitation a eu de bon succès, il est indéniable qu'il y a aussi des cas où des criminels se sont échappés avec des sentences beaucoup trop douces.

    Ceci mine la confiance du public dans la justice.

    Étrange comment certains s'opposent à tout changement. Comme si le système actuel était parfait.

    • Mtre
      Qualifications
      Il est très certainement utile d'actualiser de temps à autre les paramètres de la justice criminelle. Certaines sentences tiennent de la farce et ne sont pas de nature à prévenir les récidives et à protéger la collectivité.

      Ancien fonctionnaire provincial, M. Boisvenu a été directeur régional pour le Ministère du loisir, des jeux et des pêcheries et pour le Ministère de l'Environnement avant de devenir député ministre des régions. Il a un baccalauréat en psychopédagogie de l'Université de Montréal et une maîtrise en administration de l'École nationale d'administration publique. À la lecture de ses récents propos, le sénateur Boisvenu ne semble pas avoir l'expertise nécessaire pour défendre le projet de loi du gouvernement Harper, et encore moins pour pourfendre le Barreau et ses membres.

      Le sénateur Boisvenu a subi un drame terrible, et j'ai beaucoup de sympathie pour lui. Mais il devrait faire preuve de plus de prudence et de retenue avant de parler de sujets qu'ils ne maîtrise pas.

  2. Me
    Me
    "Étrange comment certains s'opposent à tout changement. Comme si le système actuel était parfait."

    Commentaire épais.
    Comment ça "à tout changement" alors qu'on nous propose un seul et unique qui consiste à modifier une seule variable parmi les nombreuses variables de détermination de la peine?

    On s'oppose à la seule option avancée par le gouvernement. Depuis quand une = tout?

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 12 ans
      Re : Me
      Les peines pour adolescents violents (meurtre, viol) étant déjà minimes, tout changement implique durcissement.

      Quels changements auriez -vous- en tête?

      Alléger encore plus les sentences? Fournir encore plus de programmes sociaux?

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 12 ans
    Droit et bullshit
    >Boisvenu suscite aussi le mécontentement des avocats de la défense, qui lui reprochent son «manque d'objectivité et de connaissances»



    Que celui qui n'a jamais bullshité devant un tribunal lui lance la première pierre.

  4. Me
    Me
    «En mettant une peine mini-male partout, on enlève au juge le pouvoir de décider ce qui est approprié pour cette personne là dans ce cas bien précis.»

    Faux, on applique la loi...peu importe les capacités théatrales de l'avocat de la défense.

    M. Boisvenu a tout à fait raison et j'espere que la nouvelle Cour supreme viendra rétablir le droit des victimes et de la société à vivre en toute quiétude.

  5. GBS
    GBS
    Si le gouvernement fédéral veut s'attaquer au crime, qu'il finance ses mesures.

    Boisvenu est un hypocrite, parce qu'il assouvit sa petite croisade personnelle, avec mon argent.

    La question n'est pas d'être pour ou contre le crime.

    La question est de savoir: combien ça coûte, tout ça, et est-ce que ça vaut tout l'argent qu'on nous demande de mettre là-dedans?

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