Des milliers de dollars en financement politique

Agence Qmi
2013-01-29 07:00:00

La commission a ainsi passé en revue une série de contrats exécutés par Groupe Séguin entre 2001 et 2009 et dont plusieurs ont fait l'objet d'une ristourne de 3% en argent comptant. Le premier contrat pour lequel Michel Lalonde a versé une ristourne est survenu en 2004 lors d'un projet réalisé en consortium avec BPR.
Tout a cependant pris fin en 2009 lorsque «les choses [ont] changé». «M. Zampino n'était plus là; M. Marcil non plus», a expliqué le témoin qui s'est d'ailleurs dit «mal à l'aise» dans ce nouveau contexte. L'arrivée de l'escouade Marteau a aussi changé la donne.
Questionné à savoir s'il avait à un moment ou à un autre versé un montant d'argent pour obtenir un contrat de la part de la Ville de Montréal, Michel Lalonde a nié, se contentant de répondre que «tout se faisait par les contributions politiques». Ainsi, Groupe Séguin s'attendait à un retour d'ascenseur de la part d'Union Montréal sans viser des projets en particulier.
Financement politique
En cours de journée, Michel Lalonde a aussi continué à démontrer le lien entre les firmes de génie et le pouvoir politique.

M. Lalonde a par la suite expliqué que les contributions politiques ne se faisaient pas seulement avec l'administration principale, mais aussi avec les arrondissements.
Ainsi, Michel Lalonde aurait aussi été approché par Cosmo Maciocia, en 2005, pour financer sa campagne électorale dans l'arrondissement Pointe-aux-Trembles/Rivière-des-Prairies. M. Maciocia aurait demandé une somme de 60 000$ qu'il aurait semble-t-il réclamé à Dessau également.
En cours d'après-midi, le pdg de Génius Conseil a multiplié les exemples de la sorte, écorchant de nombreuses personnes au passage. Parmi les gens nommés : Benoît Labonté, Robert Coutu, Joe Magri et Michel Bissonnet.
Le procureur de la commission a ensuite amené le témoin à admettre que le phénomène était bien loin de se limiter à l'île de Montréal. Michel Lalonde a ainsi confirmé avoir versé des dizaines de milliers de dollars en contributions politiques dans plusieurs municipalités de la couronne nord.
10 000$ pour le maire de Mirabel
Le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, aurait personnellement accepté une somme de 10 000 $ en argent de l’ingénieur Michel Lalonde dans le but de financer sa campagne électorale en 2009.

M. Bernard étant décédé en 2008, c’est à Hubert Meilleur en personne que Michel Lalonde aurait remis sa contribution, dans un restaurant de Rosemère.
Sans relier directement ces contributions à l’obtention de contrats pour sa firme, l’ingénieur a tout de même indiqué que celle-ci réalisait régulièrement des mandats pour Mirabel.
Il a précisé que, la ville ayant un grand territoire et connaissant un développement intensif, une demi-douzaine de firmes d’ingénieries étaient actives dans cette ville et discutaient entre elles «pour que ça fonctionne adéquatement».
Meilleur limite ses commentaires
Les révélations du volubile témoin de la commission ont apporté un nouvel éclairage sur la collusion et la corruption entourant l’octroi de contrats municipaux. Des pratiques qui auraient toutefois cessé depuis deux ans, dans le contexte de la mise au jour progressive de ce phénomène.
Dans un communiqué émis en fin d’après-midi, le maire Meilleur affirme qu’au sujet des prétendues contributions politiques alléguées par Michel Lalonde, il a déjà dit ce qu’il avait à dire à la commission Charbonneau. Il affirme d’ailleurs être prêt à venir témoigner, tout en ajoutant qu’il n’émettrait aucun autre commentaire à ce sujet d’ici là.
«En ce qui regarde la collusion et la corruption, je peux jurer qu’il n’y en a pas eu chez nous. S’il y en a eu, c’est à l’extérieur de l’hôtel de ville», a affirmé M. Meilleur, qui a nié formellement le financement de partis politiques en retour de contrats à Mirabel.
Billets de hockey pour Lachapelle
Soulignons que dans son témoignage lundi, Lalonde a aussi évoqué le nom du directeur général de la ville de Saint-Jérôme, Éric Lachapelle, qui avait été précédemment cité devant la commission par le controversé organisateur politique Martin Dumont.
Les faits avancés par Michel Lalonde remontent à l`époque où M. Lachapelle était directeur général de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville à Montréal, tout juste avant son arrivée à Saint-Jérôme. Il affirme lui avoir remis, à sa demande, deux billets de saison pour les Canadiens de Montréal (évalués à 14 000 $).
Il s’agissait, toujours selon ses dires, d’une façon de payer la «ristourne» de 3 % sur les contrats obtenus par sa firme auprès de cet organisme municipal. Comme l’automne dernier, M. Lachapelle a préféré ne pas émettre de commentaire.