Campagne pub du Barreau: aimez-vous l'orange?

Emeline Magnier
2016-02-03 15:00:00

Dans un spot de 30 secondes diffusé notamment sur les ondes de Radio Canada pendant huit semaines, Jean Luc Mongrain utilise l'allégorie de l'orange pour démontrer qu'il existe d'autres façons de régler un conflit que de passer par la case judiciaire.
« L'avocat propose la justice participative. Il découvre que l'un veut l'orange pour faire du jus, l'autre pour faire de la marmelade. Ensemble (les parties et avocats) ils ont trouvé une solution (…) » explique l'acteur, démontrant ainsi qu'il est possible d'en arriver à un règlement gagnant-gagnant.
« Nous vivons un véritable changement de culture judiciaire et le Barreau veut porter le message en lien notamment avec le nouveau Code de procédure civile », indique Me Claudia P. Prémont.
Les avocats souffrent encore de l'image de celui qui va systématiquement à procès, alors que moins de cinq pourcent des dossiers finissent devant les tribunaux, explique la bâtonnière du Barreau du Québec. « Les avocats sont formés aux autres modes de règlement des conflits, nous sommes les meilleurs pour solutionner les différends et les prévenir », dit-elle.
Grâce à la formation continue, à différents ateliers ou encore à la formation pour devenir médiateur, les membres du Barreau disposent des compétences nécessaires. Mais ils ne sont pas les seuls à pouvoir offrir des services de médiation. « Les membres de cinq ordres professionnels peuvent intervenir dans ce domaine, les avocats doivent se vendre et bien se placer sur la "map" », ajoute Me Prémont.
Favoriser la compréhension du public

Selon lui, la publicité favorisera la compréhension du public qui en grande majorité est influencé par les séries télévisées et pense que l'avocat plaide toujours comme « Perry Mason ».
Pense-t-il qu'une telle campagne est une dépense bien engagée pour les membres de l'Ordre ? « Ce qui est bénéfique pour le client l'est aussi pour l'avocat », répond celui qui est aussi médiateur et arbitre depuis 1996. Il considère qu'il est possible que des justiciables laissent aller leurs droits par crainte du processus judiciaire, ignorant que d'autres voies sont possibles. « Bien informés, ils consulteront peut-être plus souvent un avocat.»
Me Jean H. Gagnon est d'un avis plus contrasté quant aux retombées d'une telle campagne. « Pour les " petits litiges " comme en droit de la consommation, c'est positif, mais pour les affaires plus importantes, ça ne changera pas les mœurs », lance l'avocat qui se spécialise en médiation, arbitrage et règlement de différends.
Selon lui, quand un dossier présente des enjeux financiers importants, les clients iront voir un avocat pour connaître leurs droits, les possibilités et les coûts associés, et lui feront confiance quant à la stratégie à adopter. Et c'est ici qu'il « manque des maillons à la chaîne », ajoute-t-il.
Convaincre et mieux former les avocats ?

De plus, Me Gagnon estime pour sa part que la formation des membres du Barreau à la justice participative est encore déficiente. « Les ressources devraient être mises ailleurs avant de faire une telle campagne publicitaire », dit-il.
Quant à l'allégorie de l'orange, rien de très innovant conclut le médiateur. « C'est une des plus vieilles allégories qu'on utilise dans le milieu de la négociation depuis plus de quarante ans. Ce n'est pas mauvais, mais on aurait pu en trouver d’autres », conclut-il.
