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La Fondation du Barreau du Québec inquiète pour sa pérennité

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Camille Dufétel

2023-02-09 13:15:00

La Fondation du Barreau du Québec s’inquiète pour son avenir au regard d’une nouvelle loi qui lui donnera beaucoup moins de marge de manœuvre. Pourquoi ?
Me Anne-Marie Poitras
Me Anne-Marie Poitras
Un détail… qui n’en est pas un pour tout le monde.

En vertu de la Loi 25, le Barreau du Québec devra désormais obtenir le consentement de ses membres avant de transférer leurs informations professionnelles inscrites au Tableau de l’Ordre à ses organismes affiliés, dont la Fondation du Barreau du Québec.

Aussi, dès le prochain renouvellement de l’adhésion annuelle au Barreau du Québec, au printemps, la Fondation ne pourra plus recevoir cette information de base sans le consentement des membres du Barreau, qui devront cocher une case pour l’accepter ou non.

Il s’agit de leur adresse courriel professionnelle, de leur adresse civique professionnelle, de leur année d'inscription au Barreau, de leur champ de pratique, des langues parlées et bien sûr de leur nom et prénom.

La Fondation recevra ainsi une liste incomplète des membres du Tableau de l’Ordre. Et cela pourrait avoir de lourds impacts, selon Me Anne-Marie Poitras, cheffe de la direction de la Fondation depuis le 1er septembre 2022.

« On ne vend pas de produits commerciaux, on est là pour soutenir la recherche, la relève, et notre champ d’action philanthropique est très ciblé envers la communauté juridique », rappelle la cheffe de la direction.

Si la Fondation est privée de ces informations, cela risque d’après elle de de mettre en jeu sa pérennité à long terme.

Car même si ces informations sont disponibles publiquement sur le Bottin des avocats du site du Barreau du Québec, il est impossible pour la Fondation d’aller « chercher l’information à la pièce », alors qu’il y a plus de 29 000 membres, fait noter la Barreau 1993.

Un rayonnement moindre

Ces informations servent à transmettre des communications ciblées, à mieux connaître le profil et les champs d’intérêts de la communauté juridique, à partager la nature des programmes et des projets de la Fondation, mais aussi à solliciter un engagement envers celle-ci.

« Cela permet de faire connaître nos appels de projets pour octroyer des demandes de subvention à des chercheurs, de faire rayonner nos concours juridiques pour récompenser des auteurs, mais aussi notre programme de bourses de stages pour encourager la relève… », détaille Me Poitras.

La cheffe de la direction évoque aussi la visibilité philanthropique pour aller chercher des dons, et la communication autour des Web-conférences, activités de formation continue.

La Fondation estime ainsi que la diminution de sa capacité de rayonnement engendrera une réduction des revenus nécessaires pour réaliser sa mission dans son ensemble.

L’ensemble des revenus de la Fondation provient en effet de dons privés, notamment de gouverneurs, au nombre d’environ 870 actuellement.

« Cochez la case ! »

Aussi, Me Poitras tente actuellement de sensibiliser l’ensemble des membres du Barreau du Québec à l’importance de « cocher la case », et ultimement, à celle de lui faire un don.

Actuellement, environ 4000 avocats sur plus de 29 000 inscrits au Tableau de l’Ordre donnent une contribution volontaire à la Fondation lorsqu’ils renouvellent leur adhésion au Barreau, d’après les chiffres qu’elle énonce.

L’avocate remarque ainsi qu’à peine 14 % des membres acceptent de donner cette contribution volontaire, qui démarre à 25 $. Pour elle, la raison est claire, « les gens ne connaissent pas ce que fait la Fondation ».

Voilà pourquoi elle s’inquiète aussi concernant la case sur les informations. « Quand arrivent les dernières étapes pour valider le formulaire, on est tous comme ça, on va vite, on se dit qu’on ne va pas donner ses informations parce que finalement, on ne sait pas vraiment ce qui est fait avec », dit-elle.

Elle ajoute que dans les grandes organisations, ces formulaires sont souvent remplis par le personnel administratif.

Miser sur la visibilité

Alors que la Fondation fête ses 45 ans d’existence cette année, Me Poitras mise alors sur la visibilité de ses projets.

La Fondation est par exemple en train d’effectuer la révision « en communication claire » du contenu juridique de l’ensemble de ses guides gratuits intitulés « Seul devant la Cour », pour une diffusion cet automne.

« Ils sont mis à jour parce qu’ils sont demandés et appréciés notamment des juges et de plusieurs avocats à qui ils sont remis pour informer leurs clients, ou le justiciable dans le cas du juge, de comment va se passer le processus judiciaire ».

« Nous avons ajouté à cela tout le volet des parents qui se représentent seuls devant la Chambre de la jeunesse », ajoute-t-elle.

Pour la cheffe de la direction, quand on parle d’accès à la justice, c’est une façon d’y contribuer.

D’autres outils sont à venir, avec le soutien d’experts, pour aider par exemple les enfants de la DPJ, les parents qui sont dans ce processus, « à bien comprendre ce qu’il se passe ».

L’avocate souligne aussi la collaboration de la Fondation avec celle de la DPJ. « Nous soutenons quatre jeunes qui étudient actuellement en droit », explique-t-elle.

Au-delà de ces projets, depuis 1982, la Fondation soutient des travaux de recherche par son programme d’attribution de subventions.

Grâce à ce programme, la Fondation a participé à la publication « de plus de 135 ouvrages et de 150 articles pour un montant de plus de 3 100 000 $ », rappelle Me Poitras, qui compte aussi faire connaître les enjeux actuels de la Fondation aux instances gouvernementales.

La cheffe de la direction, qui possède une vaste connaissance de l’encadrement des marchés financiers, était PDG de la Chambre de l’assurance de dommages avant de rejoindre la Fondation avec l’ambition de « lui donner quelques années » en fin de carrière.

« J’avais le goût de redonner dans un organisme qui a une belle mission, c’était ce que je souhaitais pour les dernières années de ma vie professionnelle ».
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3 commentaires
  1. Stephan Gagnon
    Stephan Gagnon
    il y a un an
    Modèle d'affaires à revoir?
    Quand le modèle d'affaires d'une fondation, aussi louables soient ses objectifs, repose sur le fait de pouvoir contacter les gens sans obtenir leur consentement au préalable, il serait peut-être temps de repenser les choses et de faire preuve d'un peu plus de créativité.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a un an
      D’accord..
      Assez bizarre en effet qu’un organisme géré par des juristes se plaint de devoir respecter la Loi!!
      Allez hop aux oubliettes ou bien réformez-vous

  2. Ano Nyme
    Ano Nyme
    il y a un an
    Ne savent pas ou savent très bien?
    > L’avocate remarque ainsi qu’à peine 14 % des membres acceptent de donner cette contribution volontaire, qui démarre à 25 $. Pour elle, la raison est claire, « les gens ne connaissent pas ce que fait la Fondation ».

    Ou... ou bien... juste peut-être... que les avocats savent ce que la Fondation fait et choisissent de ne pas cotiser? Est-ce que l'ignorance est nécessairement la clause la plus probable?

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