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Décès d’un ancien juge de la Cour suprême du Canada

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Marie-ève Buisson

2023-06-09 15:00:00

Cet ancien juge reconnu parmi ses pairs a siégé durant 14 ans à la Cour suprême du Canada. Il s’est éteint.

Louis LeBel n’est plus... Source: Langlois
Louis LeBel n’est plus... Source: Langlois
L’ancien juge à la Cour suprême du Canada, Louis LeBel, s’est éteint à l’âge de 83 ans. Il laisse dans le deuil son fils et juge à la Cour du Québec, François LeBel, sa femme et avocate, Louise Poudrier ainsi que ses petits enfants.

Louis LeBel a été nommé à la Cour d’appel du Québec le 28 juin 1984. Il a par la suite été nommé à la Cour suprême du Canada le 7 janvier 2000, où il a servi jusqu’en 2014. Il aura passé environ 30 ans de sa carrière à la magistrature.

« Louis LeBel lègue en héritage juridique des décisions éloquemment rédigées notamment en droit administratif, en droit international, ainsi qu’en droit du travail. Il était un homme gentil et empathique envers ses collègues et le personnel, qui a toujours démontré un immense respect pour la Cour suprême du Canada », a déclaré le juge en chef du Canada, Richard Wagner.

L’honorable Paul-Arthur Gendreau avait aussi son mot à dire.

« Le décès de Me LeBel, m’attriste profondément. Je le connaissais depuis les années 60 et j’ai siégé avec lui pendant une quinzaine d’années à la Cour d’appel. Il s’agissait d’un homme d’une grande culture à la fois juridique et universelle. Un homme extraordinairement intéressant qui laissera sa marque dans la société québécoise », a-t-il dit à Droit-Inc.

Le directeur général d’Avocats sans frontières, Pascal Paradis, a également accueilli avec tristesse la nouvelle du décès de l’ancien juge.

« Le juge LeBel a depuis lors été un fidèle ami d'ASFC, nous accompagnant dans les jalons importants de notre parcours, jusqu'à tout récemment pour notre 20e anniversaire en octobre 2022 dont il était l'un des parrains. Jamais nous ne l'oublierons », a-t-il mentionné sur LinkedIn.

Selon le chef de la direction de Langlois, Me Jean-François Gagnon, « le juge LeBel compte manifestement parmi les plus grands juristes canadiens. Il a rendu un nombre incalculable de décisions qui ont marqué de façon importante les droits des Canadiens, et ce, dans les domaines les plus variés ».

Le droit en famille

Le droit a toujours été un sujet pratiqué par plusieurs membres de sa famille. Son grand-père et son père étaient avocats, son fils, François LeBel, est juge à la Cour du Québec et sa femme Louise Poudrier est avocate, docteure en droit et a été professeure titulaire à la Faculté de droit de Laval jusqu’en 2000.

Assermenté en 1962 par son père, Louis LeBel détenait un baccalauréat en droit et un diplôme d’études supérieures en droit privé de l’Université Laval en plus d’une maîtrise en droit de l’Université de Toronto.

Après avoir été admis au Barreau, Me LeBel a travaillé avec son père au sein du cabinet LeBel, Letarte, Bilodeau, Boily, de 1963 à 1964. Après le décès de celui-ci, il a rejoint le cabinet Désilets, Grondin, Lebel & Associés.

Me LeBel travaillait depuis 2015 aux côtés de son fils comme avocat-conseil chez Langlois.

Une grande carrière

Louis LeBel est l’auteur de divers articles de droit et études dont l’ouvrage intitulé « Le droit du travail en vigueur au Québec », publié aux Presses de l’Université Laval. Il a été membre de plusieurs comités au Barreau de Québec et au Barreau du Québec.

Il a aussi été membre du conseil d'administration de la Corporation du Centre communautaire juridique de Québec et du Comité d’aide juridique du Barreau du Québec.

De 1982 à 1983, il a été vice-président du Barreau du Québec puis bâtonnier du Québec. Me LeBel a également enseigné comme professeur invité à l’Université d’Ottawa et à l’Université Laval.

En 2000, il a reçu la médaille du Barreau du Québec et en 2008, celle du Barreau de Québec. L’ancien juge a aussi reçu un doctorat honorifique en droit de l’Université Laval en 2001.

En 2004, il a été nommé membre honoraire de l’American College of Trial Lawyers et Compagnon de l’Ordre du Canada en 2017.

Selon Langlois, Me LeBel est largement considéré comme l’un des juges les plus brillants de l’histoire du Canada. Fait surprenant, cet ancien juge souhaitait en début de carrière devenir professeur en droit.

« Honnêtement, j’ai aimé être juge, tant à la Cour d’appel du Québec qu’à la Cour suprême du Canada. Assez curieusement, je me suis trouvé heureux et intéressé par ce que je faisais dans ce domaine, même si je travaillais dans des secteurs où je n’avais jamais pratiqué, comme le droit criminel », avait-il dit en entrevue à Droit-Inc.

Selon le Barreau du Québec, Louis LeBel « a notamment contribué à faire en sorte que la justice prenne en considération la réalité autochtone lors de la détermination des peines, un enjeu primordial pour le Barreau du Québec encore aujourd’hui. Son apport à la profession et à la communauté juridique est inestimable et il a laissé une trace importante ».

Il avait récemment célébré ses 60 ans de carrière et pris sa retraite le 31 mars dernier.

« Je n’envisageais pas de pratiquer indéfiniment. J’ai probablement pratiqué plus longtemps que je ne le prévoyais lorsque je me suis joint à Langlois », avait-il confié à Droit-Inc.

Pour marquer son départ, le drapeau de la Cour suprême sera en berne jusqu'à l'inhumation de l’ancien juge.
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2 commentaires

  1. pigeon dissident
    pigeon dissident
    il y a 9 mois
    condoléances
    Juste un petit mot pour dire que c'était un homme extraordinaire que jai eu l'occasion de cotoyer dans divers congrès du Barreau et qui rayonnait par sa simple présence.

    Une grande perte pour le droit et l'humanité.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 mois
    La Presse woke lui plante un couteau dans le dos
    La grosse Presse bien domestiquée, sous la plume d'Yves Boisvert*, fait parler le mort et souligne sa brillante carrière n'a connu qu'une zone d'ombre: sa dissidence sur le banc de la Cour d'appel, en 1989, dans Daigle c. Tremblay.

    Avis à tous ceux qui veulent faire carrière hors du secteur privé: votre carrière ne sera que zones d'ombres, à moin d'adhérer au "progressisme" éclairé embrassé (sans consentement?) par les woke de La Presse.



    * "Mais assurément, l’homme était imprégné d’une profonde foi catholique, qui affleure entre les lignes dans la décision Daigle, aussi élaborée soit-elle, quand il est question des droits du fœtus. J’oserais dire, pour en avoir parlé avec des collègues, qu’il la regrettait, seule ombre dans une carrière exceptionnelle."


    https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2023-06-09/le-paradoxe-d-un-juge-erudit.php

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