Il faut entamer la révolution tranquille, a exhorté Anne-France Goldwater
La fougueuse avocate, connue pour son succès dans l’affaire Éric vs. Lola, n’exige rien de moins qu’un changement constitutionnel des pensions alimentaires aux enfants et la revalorisation du statut de la femme par les tribunaux.
Rencontre avec la star
Profitant de la salle de conférence vide durant la pause dîner, Me Goldwater retire ses chaussures, enlève son veston et sort sa trousse à maquillage.
« Vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que je me donne un coup de pinceau durant l’interview ? Je suis partie en courant de chez moi ce matin », lance-t-elle avec un large sourire.
Anne-France Goldwater a profité de la pause lunch pour se refaire une beauté
« Lisez chaque paragraphe, chaque ligne en détail et soyez critique. Mais j’ai bien plus de choses à leur dire. Je veux les faire réfléchir à l’attitude hostile des tribunaux envers les femmes. »
« Il faut refléter le rôle que les conjoints ont pris dans la famille en post-rupture », explique-t-elle. Pour cette lionne du droit, il est trop facile pour un homme d’avoir la garde partagée des enfants s’il montre un peu de dévouement pour ses enfants.
Et puis parlons économie. « La femme québécoise doit arrêter d’avoir l’impression qu’elle « quête » de l’argent pour ses enfants. Il y en a marre de ces vieilles traces du catholicisme ! » lâche-t-elle.
Rappelons-le, le 12 octobre dernier, Me Goldwater a été reconnue coupable par le Conseil de discipline du Barreau du Québec d'avoir « manqué à ses devoirs d'agir avec dignité, respect, modération et courtoisie » à la Cour par ses propos « inappropriés » envers un collègue et son client. L’avocate ne sait pas encore si elle va en appeler de cette décision.
«Je ne peux rien prévoir, je dois attendre l’audition sur la peine.»
Elle souligne par ailleurs que lors de l’affaire Lola, le Barreau ne s’est pas montré très concerné par l’avalanche d’insultes qu’elle recevait quotidiennement.
«Je trouve qu’il y a un traitement inégal des cas d’excès de langage», dit-elle.
Ramassez vos petits et partez à Ottawa!
Continuant avec son franc-parler légendaire, l’avocate parle d’un autre sujet chaud : les pensions alimentaires des enfants québécois.
Mylène Lemmel partage l'avis de Me Goldwater sur une reconnaissance du rôle des mères
Les barèmes des pensions alimentaires pour les enfants au Québec sont ridiculement modestes comparativement au reste du pays, affirme-t-elle en pleine connaissance de cause.
« Je ne peux plus entendre les tribunaux dire que c’est un choix politique du Québec. »
Celle qui n’a peur de rien a d’ailleurs regroupé les témoignages d’un grand groupe de mères québécoises pour former un recours constitutionnel. Elle accuse ainsi Ottawa d’avoir accepté le barème de pensions alimentaires proposés par Québec en 1997, condamnant à la pauvreté les familles québécoises.
Dès la semaine prochaine, cinq juges de la Cour d’appel entendront sa demande que le barème fédéral puisse s’appliquer à notre province le 7, 8 et 9 novembre.
L’avis des participants
Tout au long de cette formation de six heures, Me Goldwater a offert une présentation allant de l'analyse éclairée aux propos provocateurs, un duo qui a semé l’enthousiasme chez la majorité des participants.
Me Goldwater est une pionnière, pour Pierre Robert
« Elle a une connaissance supérieure du droit. C’est une pionnière qui nous donne des outils originaux qui aident à repenser notre façon d’aborder certains dossiers », selon Me Pierre Robert qui pratique en droit de la famille et en droit immobilier.
« Dynamique, avant-gardiste, féministe, fonceuse! Elle apporte une vision nouvelle sur des cas que nous n’avons pas la chance de traiter en région », d'après Me Adrienne Houle, du district Saint-François de la région de Sherbrooke.
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