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« La faculté de droit de l’UdeM est le dépotoir de l’humanité »

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Céline Gobert

2016-11-24 15:00:00

« La faculté de droit de l’Université de Montréal est le dépotoir de l’humanité. » C’est l'une des phrases choc de ce roman qui expose les horreurs de la course aux stages et réalités des étudiants en droit…
Jean-Philippe Baril Guérard.
Jean-Philippe Baril Guérard.
En 287 pages, le romancier Jean-Philippe Baril Guérard, en plus de décortiquer « l’absurde sentiment de supériorité naturelle des classes dominantes », comme l’indique la quatrième de couverture de son deuxième roman « Royal », s’en prend à la pression exercée dans les Facultés de droit envers les étudiants.

Il narre notamment les horreurs vécues par les étudiants en droit pour décrocher un stage en grand cabinet lors de la fameuse Course aux stages.

« Faudra casser des gueules »

Le roman n’y va pas de main morte. Extrait choisi : « Tu viens de commencer ta première session, mais y a pas une minute à perdre : si tu veux un beau poste en finissant faudra un beau stage au Barreau et si tu veux un beau stage au Barreau faudra une belle moyenne au bacc et si tu veux une belle moyenne au bacc faudra casser des gueules parce qu’ici c’est free-for-all et on s’élève pas au-dessus de la mêlée en étant gentil. »

L’auteur y décrit un univers ponctués de coups bas, de compétition féroce, de consommations de substances illicites, de sexe et d’anxiété.

« Être gentil, c’est être herbivore, c’est se vautrer dans la médiocrité, et toi tu comprends pas la médiocrité, tu aimes pas la médiocrité, tu chies sur la médiocrité. Toi, t’es venu ici pour être le roi de la montagne, et le début des cours, c’est le début du carnage. »

Le doyen Jean-François Gaudreault-Desbiens.
Le doyen Jean-François Gaudreault-Desbiens.
« Jamais entendu parler de ça »

Sur les ondes de Radio-Canada, dans le cadre de l’émission Medium Large animée par Catherine Perrin, l’avocate Sophie Gagnon diplômée de l’UdeM et qui exerce aujourd’hui chez Norton Rose Fulbright affirme n’avoir jamais connu ce type d’atmosphère. Elle parle au contraire de souvenirs « opposés », « loin de son expérience » : de « camaraderie » et d’ « entraide. » Elle n’a jamais connu quelqu’un qui ait fait « appel à des stimulants pour se concentrer. »

Interrogé sur le problème de consommation de drogues, le doyen de la Faculté de droit Jean-François Gaudreault-DesBiens déclare avoir été « surpris » en lisant le roman qu’il estime ne pas être un « documentaire » sur sa faculté, affirme « n’avoir jamais entendu parler de ça » et plaisante « C’est sûr que les étudiants ne vont pas venir cogner à ma porte en disant : j’ai du concerta à vendre (Rires) ». Il ajoute néanmoins que le sujet le « préoccupe ».

Me Sophie Gagnon.
Me Sophie Gagnon.
Beaucoup de pression pour performer

Pour l’avocate du cabinet Norton Rose Fulbright Me Gagnon, le plus intéressant, ce sont les discussions que cela entraîne sur la question de la santé mentale chez les étudiants en droit. Elle a reconnu dans l’émission de Radio-Canada qu’il y avait énormément « de pression » au sein de la profession juridique pour « performer. » Le livre l’a fait également « réfléchir sur les méthodes de recrutement ainsi que l’image qui est véhiculée dans les facultés de droit. »

Interrogée par l’animatrice Catherine Perrin sur la possibilité que les grands cabinets puissent créer à leur insu ce climat de compétition par leur omniprésence dans les facs (par des pubs, des commandites, etc.), Me Gagnon répond que c’est plutôt un moyen pour les cabinets de « se faire connaître auprès des étudiants », tous disposant de « leur propre culture d’entreprise. »

Rappelons que ce n’est pas la première fois cette année que les réalités vécues par les étudiants en droit dans les facs montréalaises sont mises en lumière par les médias. Sur Droit-inc, Maxime Leboeuf de l’Udem avait pointé du doigt une Faculté trop blanche et qui manquait de diversité, et des initiations controversées avaient forcé les Facs de droit à réagir.

Enfin, notons que - toujours à l’Udem - Simon Telles, président de l’Association des étudiants en droit de l’UdeM (AED), avait lancé dès le 1er février la première campagne de santé à l’AED intitulée : « Brisons le silence ».

Et vous, qu’en pensez-vous? Réalité ou fiction?

Né à Plessisville en 1988, Jean-Philippe Baril Guérard a été formé comme comédien à l’École de théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe, d’où il a gradué en 2009. Depuis, il partage son temps entre l’écriture, la mise en scène et le jeu.

Il a écrit quelques pièces de théâtre, dont Quatre Contes Crades/Le damné de Lachine et autres contes crades, Baiseries et Warwick. Il a aussi écrit et mis en scène Tranche-Cul, pièce présentée au théâtre Espace Libre en décembre 2014. Il travaille présentement sur deux projets de théâtre: La singularité est proche et Sur la destination des espèces.

Outre ses romans, Sports et divertissements et Royal, Il a coécrit, avec trois autres auteurs, le roman Les cicatrisés de Saint-Sauvignac, histoires de glissades d’eau, et signé Ménageries, un recueil de contes illustrés, tous deux aux Éditions de Ta Mère.


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39 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    Newsflash!
    Limited number of 100k$ first year jobs creates competition? You don't say!

    That said, the romance writer clearly got his info from someone who didn't make it and is frustrated.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      nof8r8
      "That said, the romance writer clearly got his info from someone who didn't make it and is frustrated."

      Un instant: on peut très bien déplorer le climat qui règne à la fac de droit de l'UdeM, sans avoir l'ombre de la trace de L,envie de mettre un orteil dans un grand cabinet et de gagner le fameux 100 000$ annuel.

      Je parle d'expérience.

      Ça m'a fait ch*** au carré toute l'importance mise par la Fac ET par le corps étudiant sur ces foutues carrières dans les grand bureaux. Et en prime, la présomption voulant qu'un étudiant qui ne fait pas la Course, c'est forcément parce qu'il en est incapable, et non pas parce que ça ne l'intéresse pas.

      Eille.

      Les cours à l'UdeM étaient de qualité, mais si ton but c'est pas la pratique privée très lucrative, ça faisait dur.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      re nof8r8
      La phrase clé est "from someone who didn't make it". À partie de là, le "it", il est personnel et sera adapté selon tes objectifs. Si tu voulais faire de l'humanitaire et que tu n'as pas pu et que tu as dû te rabattre sur un boulot plus conventionnel, you didn't make it, même si tu fais plus d'argent.

      Mais soyons honnêtes, vous n'êtes pas nombreux ceux qui avaient les notes, l'expérience, le CV qui avez choisi de ne pas faire la course au stage ou qui avez décliné l'offre d'un grand cabinet

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      re re nof8r8
      Peu nombreux? Ah bon. Vous avez des stats, ou c'est basé sur des impressions?

      Ces impressions peuvent facilement être trompeuses, surtout en raison de l'importance complètement disproportionnée (limite débile) accordée aux stages \ emplois offerts par les "grands cabinets".

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      re re re nof8r8
      Vous avez raison, je n'ai pas de stats, je me fie sur le nombre de cv que je recevais quand je faisais du recrutement.

  2. R.V.
    Breaking news to newsflash
    100K first yesr? Doctors start at 200K first year. Bonus: paid for stages when they specialize.

    As for lawyers, Droit-inc. reveals that 7 out of 10 of those who accomodate the government and
    society in general by taking legal aid mandate make less thsn 20 a year. Several are just as bright
    as the others but mire genuine and perhaps less plugged in.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Huh?
      What's your point?

      My comment is that because of the limited number of high paying jobs, there will be competition. You actually add to that by stating those stats on low-income earners: more pressure to succeed.

      By the way, why would you want to compare to what doctors earn? Those stats have not changed and if money was all that important to you, you should have gone to med school. If you had the chance.

      Otherwise, why not compare to first year psychologists, engineers, historians etc.? Lawyers who make it in the big firms are privileged from a financial point of view and you arguing against that is simply silly.

      I was not "plugged-in" and yet managed to make into a big firm on the basis of my academic record and CV.

      Perhaps your difficulty in understanding a simple 2 sentence comment and in expressing a thoughtful and relevant reply is actually more indicative of your current situation. You are not a special snowflake, you will need to earn what you will get.

  3. Avocat
    Avocat
    il y a 9 ans
    Mais...
    ... si c'est un ''roman'', pourquoi l'émoi?

  4. DSG
    n’avoir jamais connu ce type d’atmosphère
    It's so insincere for these lawyers to come out and say that what the author is describing is not true. It has now been almost 20 years since I went through it and although I am thankful for my education and for the prosperity and chicks it has brought me, I still remember law school as one of the worst experiences of my life. Technically I was still a teenager when I expectedly got a crash course in hypocrisy, ruthless competition, backstabbing, ridiculous social clicks and shallowness. Until this day I brush aside anyone from my class that approaches me for a conversation. I never want to see those people again. The only good thing about it is that it prepares you for the worst types of people society has to offer.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      fej899
      Which is why you became one of the worst type of people that society has to offer? You are seeking revenge because you were not well-liked or accepted? This comments explains so much.

      As for your unpopularity, maybe you should look into your use of the word 'chick' as a decent starting point to explain why you were not involved in the sex, drugs and rock'n'roll.

  5. SBS
    50-50
    La moitié des avocats diront que le milieu du droit, que ce soit à l'université ou sur le marché du travail, est un milieu malsain. L'autre moitié dira que c'est un milieu merveilleux car cette moitié ne connait pas autre chose et ne peut donc reconnaître la perversité qui y règne.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      100%
      Wow, donc, il y a ceux qui disent que c'est malsain et ceux qui ont tort?

      Je connais autre chose (2e carrière) et j'ai bien réussi. Dans les faits je pense que possiblement c'est vous qui ne connaissez pas d'autres domaines. Si vous pensez qu'il n'y a pas de compétition dans les autres domaines, que tout le monde s'aime et se teint la main pour chanter Kumbaya, vous connaissez très peu de choses à la vie.

    • Maurisse
      Maurisse
      il y a 9 ans
      Nuance
      Effectivement.

      Sans être aussi dithyrambique que certains commentateurs, il m'apparaît que de voir la faculté de droit comme une sorte de nid de vipères en compétition perpétuelle revient à noircir inutilement le portrait.

      La competition était tout aussi, voire davantage, féroce à HEC Montréal, où il y avait moins de camaraderie qu'en droit.

      Certes, des trous de cul, il y en avait beaucoup en droit, mais je ne pense pas qu'ils formaient la majorité des étudiants.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Ouch
      Une chose apparaît certaine, vous avez d'importantes lacunes en ce qui concerne la compréhension d'un texte en français...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      poutre, paille oeil etc
      En fait, je pense que vous n'avez pas compris que le commentaire est en réposne à un premier qui est très bien résumé dans la première phrase de celui auquel vous répondez

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Je retire
      Je retire mon commentaire. C'est moi qui a des lacunes ! Toutes mes excuses.

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    «Ces gens là»?
    «Ces gens là»? Je suppose que vous parlez des étudiants en droit et/ou des avocats?

  7. Merle
    Merle
    il y a 6 ans
    Pour y avoir travaillée 4 ans, certaines choses sont vraies...
    En tant qu'ex-employée du groupe technique-bureautique, je confirme en tout cas, que c'est très blanc au niveau du corps professoral! Cela commence à changer mais très peu et très lentement! De plus, au niveau des étudiants, je ne peux pas vraiment me prononcer, sauf sur le fait que certains ne se prenaient pas pour de la m*** lorsqu'ils venaient voir le "petit personnel", avec leur grosse tête bien enflée et leur condescendance sans vergogne, pour toutes sortes de demandes. Sans compter les nombreux professeurs forts "spéciaux" : ex. un qui volait sciemment de la papeterie de la faculté pour les besoins de ses enfants...Tout ça, avec un salaire de prof. ET d'avocat...Un autre qui piquait des colères terribles dans les couloirs, etc. Et puis bien sur, il ne faut pas oublier le "petit personnel"! Avec un taux de roulement, hallucinant, cela fait de cette faculté l'un des endroits les plus redoutés de l'UdeM, pour y travailler. La faculté de droit à très mauvaise presse auprès du personnel technique-bureautique de l'UdeM, plusieurs n'y restant que quelques semaines, avant de quitter leur poste! Une faculté n'étant pas capable de garder son personnel de bureau comme ça devrait se poser des questions...Mais les ressources humaines n'était pas leur fort et ils s'en foutaient littéralement car c'était plus important d'avoir des avocats-profs avec un "gros" cv, bien reluisant. Donc en gros, côté professoral ça fonctionnait plutôt bien mais côté administratif, c'était le gros foutoir! Une véritable maison des fous! Bien contente d'avoir quitté cet endroit redouté! :-(

  8. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    "Un autre qui piquait des colères terribles dans les couloirs"
    Allez, un petit efforts et dites-nous son nom.

    ça va vou faire du bien, et à nous aussi !

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