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Alexandre Shee veut déconstruire… pour mieux reconstruire

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Natacha Mignon

2009-12-01 14:15:00

Etudiant en troisième année de droit à Mc Gill, Alexandre Shee préside l’Association des étudiants en droit (LSA). Il nous a ouvert les portes pour une discussion à bâtons rompus sur les aspirations des avocats de demain.

Le local de la LSA ressemble à celui des autres associations étudiantes. Un canapé dans un coin, une ou deux tables, deux ordinateurs et beaucoup d’espace. L’ambiance est décontractée, les uns dînent sur le pouce, les autres discutent. Au sein de cette université anglophone, on est surpris de constater que les étudiants conversent aussi bien dans les deux langues officielles. Cela n’étonne pas Alexandre Shee.

« Vous savez, c’est très important le français pour entrer à McGill, tous les étudiants doivent être capables de s’exprimer dans cette langue », dit-il.

Mi-québécois mi-américain, lui remplissait ce premier critère. Ses autres qualités lui ont permis d’intégrer McGill en droit directement après le CEGEP, comme c'est le cas pour seulement une vingtaine d'étudiants chaque année. Propulsé, à tout juste 20 ans, président de la LSA, il se livre et nous parle des étudiants en 2009.

Droit-Inc : Comment fait-on pour intégrer Mc Gill directement après le CEGEP ? Aviez-vous des résultats exceptionnels au CEGEP ?

Alexandre Shee : Exceptionnels non, mais c’est vrai que cela a bien marché pour moi. De toute façon, Les notes ne sont pas le seul élément pour intégrer McGill. L’université pratique une politique d’ouverture et recherche des profils variés, en s’intéressant aux aspirations de chacun. Ils regardent beaucoup quelle a été votre implication sociale, où que ce soit, en politique ou au sein d’ONG par exemple. Ils cherchent ainsi à recréer une communauté d’étudiants qui ressemble à la communauté réelle, avec des personnes qui ont chacune quelque chose de différent à apporter.

Vous justement, quelles étaient vos aspirations au moment d’entrer à l’université ?

Assez naïvement, je vous dirais que je cherchais un moyen d’aider les autres et de changer les choses. Le droit ne s’est pas imposé à moi. J’ai longtemps hésité entre un cursus en cinéma, en business ou en droit. Bien que ces filières soient très différentes, je voyais dans chacune un moyen de parvenir à mes fins.

Par le cinéma, je pensais pouvoir dénoncer des situations au plus grand nombre. Par le business, j’étais convaincu de pouvoir créer de la richesse que je pourrais redistribuer. Par le droit, je voulais être la voix de ceux qui n’en n’ont pas. J’ai vu toujours le droit comme un outil au service des gens.

Est-ce que vos aspirations ont changé aujourd’hui ?

Je ne le crois pas. Peut-être suis-je un peux moins innocent. Aujourd’hui, je vois en revanche mieux comment le droit fonctionne et comment l’utiliser. Il y a certains concepts que je veux déconstruire pour reconstruire. Par exemple, je ne crois pas qu’il faille opposer le monde des affaires aux droits de l’homme. Pour moi, les deux vont ensemble. Un des chemins que je veux prendre est de réconcilier ces domaines. Bien sûr, ce n’est pas quelque chose que j’entreprendrai tout seul. D’ailleurs, la question en suspens c’est comment est-ce que je vais m’y prendre et est-ce que j’en saurais capable ?

Êtes-vous une exception ? Ou bien partagez-vous ces préoccupations avec d’autres étudiants ?

Nous sommes de nombreux étudiants à vouloir faire du droit différemment et c’est ce qui me rend heureux. Avant la crise, j’avais l’impression que les étudiants qui le pouvaient partaient tête baissée dans les grands cabinets, sans se poser de question et le regrettaient parfois après quelques années. Mais ils avaient du mal à faire marche arrière, compte tenu de leurs niveaux de rémunérations. Aujourd’hui, je crois qu’on réfléchit beaucoup avant de se lancer dans une carrière et on cherche vraiment la voie qui nous satisfera pleinement. Il n’y a pas de modèle de réussite prédéfini.

Quelles sont vos aspirations pour votre association ?

Je voudrais que la LSA soit la plus représentative possible de tous les étudiants. Pour cette raison, nous organisons de nombreux événements à thème pour représenter toutes les communautés présentes à McGill. On pense à l’avenir également en travaillant sur des plans de 5 ans, en lançant des initiatives vertes, en favorisant le bilinguisme.

J’essaye aussi de travailler de concert avec les autres associations d’étudiants en droit de chaque université au Québec, à travers la CADED (Confédération des associations d’étudiants en droit civil). Nous avons actuellement un projet commun visant à favoriser l’accessibilité à la justice.

En quoi cela intéresse-t-il les étudiants ?

On travaille sur ce projet car nous sommes beaucoup d’étudiants en droit à porter en nous un idéal de justice. Nous ne voulons pas que la justice ne soit pas accessible à certains pour des questions d’argent, sinon on vit dans une démocratie des élites. Alors par ce projet via la CADED, on se prépare un monde dans lequel nous étudiants on voudrait vivre et travailler demain.


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Photographe: Jacques Balayla
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