Mme Edith Bernier et Me Josiane Rioux Collin. Les conférencières. Source: Site web de l'Association du Barreau canadien
Mme Edith Bernier et Me Josiane Rioux Collin. Les conférencières. Source: Site web de l'Association du Barreau canadien
Dans les milieux de travail, le réseau de la santé, les transports et les restaurants, que ce soit par le biais de discrimination ou d’obstacles à l’accessibilité, la grossophobie est présente partout.

C’est notamment ce qu’expliquera l’autrice et vulgarisatrice Edith Bernier, fondatrice et rédactrice en chef du site de référence Grossophobie.ca, lors d’une formation sur la question offerte par l’Association du Barreau canadien, le 31 mai prochain.

Edith Bernier sera accompagnée de Me Josiane Rioux Collin, chargée de cours et auxiliaire de recherche à la Faculté de droit à l’Université de Sherbrooke. Me Rioux Collin est également doctorante, spécialisée dans le rôle du droit dans la création et le maintien d'environnements favorables à la saine alimentation au Québec.

« L’une des bases de la discrimination envers les personnes grosses c’est qu’on continue d’associer le poids à un choix personnel », explique Edith Bernier. Si le surpoids relève de la responsabilité personnelle, discriminer est facile. Or, de plus en plus d’études scientifiques démontrent qu’il n’en est rien, ajoute-t-elle.

La loi muette

La législation reflète cette discrimination, puisque la discrimination basée sur l’apparence corporelle ou sur le poids, notamment, n’est pas un concept établi au Québec. C’est ainsi par exemple que des cas ont fait les manchettes dans les dernières années alors que des emplois ont été refusés à des postulants basé sur leur indice de masse corporelle.

On parle alors de discrimination socialement acceptable. Que faire, alors que les Chartes sont muettes sur la question, et que les lois sur le travail sont mal adaptées à cette réalité? Pourtant, plus de la moitié des Québécois, soit 58 %, affichent un surpoids ou sont aux prises avec des problèmes d’obésité.

Ailleurs dans le monde, aux États-Unis et en Europe notamment, des lois ont été adoptées pour endiguer ce type de discrimination.

La discrimination partout

Car même si elle n’est pas toujours évidente pour les gens minces, une telle discrimination se reflète partout, comme dans la conception des espaces, par exemple. Dans les milieux de travail par exemple, où « demander une plus grande chaise, ou des espaces de travail qui tiennent compte des besoins des personnes en surpoids est difficile », poursuit Edith Bernier.

On craint alors le jugement des autres, si tant est qu’on demande quelque chose. Et si un poste de travail n’est pas adapté, les risques de problèmes musculo-squelettiques se profilent. Cela, sans parler de l’accès aux promotions, limité par les préjugés.

Cette grossophobie—qui résulte d’attitudes hostiles à l’égard des gens en surpoids—se retrouverait très fréquemment dans le domaine médical également. On évite de consulter, de peur de se faire juger, ou pire, de se faire dire que le poids est la raison du problème. Cela pose de réels enjeux de santé publique, alors qu’on se retrouve avec des problèmes qui s’aggravent, faute d’avoir été diagnostiqués.

Il y plusieurs angles de cette formation sont susceptibles d’intéresser les juristes. C’est à l’aide d’exemples, en plus d’un survol de la jurisprudence sur le poids et le handicap en droit du travail que la formation sur la grossophobie sera abordée.

Pour s’inscrire à l’activité du 31 mai, c’est par ici.